Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi ne sait plus comment s'y faire avec la petite dizaine de confrères et de consœurs qui fréquentent encore les lieux, et assurent des couvertures pour leurs activités. Dans la soirée de dimanche, nous nous sommes rendus sur les lieux pour rencontrer les comédiens de la troupe d'Ahmed Rezzak, qui présentait sa célèbre pièce de théâtre Torchaka. Cela, dans le but de faire un travail demandé par notre journal. Comme de coutume, nous nous sommes présentés à l'entrée en tant que journalistes, en montrant la carte professionnelle dûment délivrée par le ministère de la Communication mais le préposé à la porte nous interdit l'accès. «Nous ne reconnaissons pas cette carte. Il vous faut un ordre de mission, ou bien il faut payer un ticket d'entrée. Ce sont les nouvelles instructions que nous avons reçues», dit-il. À noter que ce genre de soucis est fréquent, intempestif et revient souvent dans cette institution. La direction du TNA n'arrive pas à trancher une bonne fois pour toute sur la manière avec laquelle il faut s'y faire avec la presse. Est-on, donc, aussi embarrassé par la présence de journalistes culturels lors des présentations de pièces théâtrales ? Il est également à signaler que plusieurs confrères et consœurs ont subi ce genre de traitements de la part de cette institution. Ce qui les a poussés tout simplement à bouder les activités du TNA, qui a pourtant tant besoin de leur collaboration. Faire payer un billet d'entrée à un journaliste qui vient faire une couverture est une pratique qui n'existe dans aucun pays au monde. Car, si les journalistes qui travaillent notamment dans les rubriques culturelles doivent payer leurs billets d'entrée dans toutes les institutions et les événements qu'ils couvrent, il n'en restera de leurs paies rien à offrir à leurs enfants si ce n'est les bouts de tickets d'entrée dans les différents spectacles qu'ils couvrent. Mais la question qui se pose est : les services de cette institution étatique savent-t-ils au moins qu'exiger un ordre de mission pour un journaliste qui détient une carte professionnelle, dans le but de l'empêcher d'accéder à l'information est un déni, un piétinement du code de l'information ? Dans son article 84, le code de l'information algérien stipule : «Le droit d'accès aux sources d'information est reconnu au journaliste professionnel excepté lorsque l'information concerne le secret de défense nationale tel que défini par la législation en vigueur, l'information porte atteinte à la sûreté de l'Etat et/ou à la souveraineté nationale de façon manifeste, l'information porte sur le secret de l'enquête et de l'instruction judiciaire, l'information concerne le secret économique stratégique, l'information est de nature à porter atteinte à la politique étrangère et aux intérêts économiques du pays». Ce n'est, donc, que dans ces cas précis que le journaliste doit présenter un ordre de mission. Ce qui est à mille lieux des activités du TNA.