Quand un pays adopte un autre système de gestion que celui qui a été mis au point par les bourgeoisies européennes, connaît des difficultés certaines dans n´importe quel secteur, y compris celui de la presse, les intellectuels occidentaux s´attaquent immédiatement au système en question et s´empressent de faire des comparaisons hasardeuses entre le miracle capitaliste qui a saigné tous les peuples du monde et le système en question: le socialisme par exemple. Il n´y a qu´à voir la différence de traitement entre la catasrrophe de Tchernobyl et les incendies qui ravagent une partie de la Russie à présent pour s´apercevoir que l´information n´est pas toujours objective. On attribue souvent, à tort ou à raison, des phrases prophétiques à des grands hommes qui ont réussi en politique ou dont le passage a laissé une trace indélébile dans le pays qu´ils ont dirigé. C´est le cas de César ou du général de Gaulle. A Napoléon 1er on attribue plusieurs réflexions qui sont restées dans l´esprit des Français à cause de leur justesse et de la finesse d´analyse du potentat. Une seule, celle dont on est le moins sûr qu´elle soit de lui, a été exhumée et en a fait un best-seller l´ouvrage d´un ministre de la Ve République: Quand la Chine s´éveillera d´Alain Peyrefitte. Ce livre paru au lendemain de la Révolution culturelle chinoise, qui a fait fantasmer tant de gauchistes européens, exprime le mieux la formidable impression qu´exerce la multitude chinoise sur les visiteurs, de Malraux à Peyrefitte. Le potentiel démographique, lié à une culture propre, enracinée, reste toujours un facteur déterminant dans l´évaluation de la puissance d´une nation. M.Peyrefitte a ajouté avec la prudence de l´homme politique: «Quand ils auront atteint une culture suffisante, une technologie suffisante, le monde tremblera...» Le livre a été écrit au moment même où une revue (je crois que c´est Paris-Match) publiait une photographie montrant une queue énorme de Pékinois devant une vitrine où était exposé un téléviseur en marche. Depuis, beaucoup d´eau a coulé sous les ponts et l´on assiste à un curieux renversement de la situation: le pays qui faisait des prêts sans intérêts aux pays africains est le plus grand créancier des Etats-Unis puisqu´il y a déposé plus de mille milliards de dollars en bons du Trésor américain... L´augmentation rapide (30 à 80 millions de dollars) de devises par heure, en fait un monstre économique capable d´avaler les économies occidentales. Et ce n´est pas pour rien que la dernière classification des meilleures universités du monde vient de l´université Jiaotoong de cette bonne ville ouvrière qu´était Shanghai. C´est dire les progrès technologiques faits par un pays qui connaissait des famines il y a moins de cinquante ans... Nous passerons sur les critères utilisés par cette prestigieuse université à laquelle font référence les têtes pensantes occidentales, mais la dépêche en question qui publie cette information ne fait mention d´aucune université arabo-islamique qui soit située à une place honorable, malgré la manne de pétrodollars dont s´enorgueillissent les responsables politiques chargés de la direction de ces pays...Cela m´a fait penser tout de suite à cette curieuse anecdote relatant l´arrestation d´un scientifique d´origine chinoise qui avait longtemps travaillé dans un service de recherches américain: il avait été arrêté par les services douaniers parce qu´il tentait de transférer deux valises de documents vers son pays natal. Voilà un exemple de patriotisme positif. Je l´ai souvent comparé avec l´attitude peu glorieuse de chercheurs arabes exerçant dans des endroits aussi avancés que la Nasa. Doit-on en conclure que les chercheurs des pays arabes renoncent à revenir dans leur patrie à cause du peu de moyens de leurs universités, ou sont-ils simplement des chercheurs...de fortune? Je viens d´apprendre dans la même dépêche, que Valérie Pécresse, ministre de l´Enseignement supérieur, s´est rendue dans cette université de Shanghai pour faire la promotion des réformes en cours de l´Université française. Nous, on se contente d´aller jusqu´en Inde pour chercher...notre viande quotidienne. Parlons plutôt des splendeurs andalouses!