L'Algérie célèbre aujourd'hui, le 59e anniversaire du 19 mai 1956. Cette date a constitué l'un des tournants majeurs de la guerre de Libération nationale. A l'époque, l'Algérie n'avait pas encore bouclé la deuxième année de sa révolution. Abane Ramdane préparait activement le congrès de la Soummam, les leaders politiques algériens de l'Udma, des Uléma et du PCA rejoignaient le FLN et donnaient du poids à la révolution. Toute cette dynamique qui a été couronnée, en févier de la même année, par la création de l'Union générale des travailleurs algériens structurait la révolution, lui donnait un sens, une orientation précise et un discours cohérent et audible à l'international. Les observateurs de l'époque voyaient naître une nation en lutte. C'est dans ce contexte révolutionnaire que les étudiants algériens apportèrent leur pierre à l'édifice. La grève du 19 mai 1956 était ressentie par le Mouvement national comme un acte central de la révolution algérienne. La réussite de la grève générale organisée par l'Ugema et l'enrôlement, ensuite, de plusieurs centaines d'étudiants et de lycéens dans les rangs de l'ALN, à l'appel de la direction du FLN, ont donné une dimension nouvelle à la révolution et montré que les moudjahidine avaient le plein soutien de toutes les franges de la société. L'apport des étudiants était très important dans la structuration de la révolution armée. Quand vint le congrès de la Soummam, un certain 20 Août 1956, la révolution avait déjà ses piliers et la communauté estudiantine en était l'un des plus solides. Les étudiants ont donné les plus illustres martyrs de la révolution à l'image de Taleb Abderrahmane, mort guillotiné. D'autres sont morts au combat et d'autres encore ont pris part à l'effort de l'édification du pays après l'indépendance du pays, Ahmed Taleb Ibrahimi, Mohamed Seddik Benyahia, Belaid Abdeslam... ils étaient nombreux à contribuer à l'effort de développement du pays. 59 ans après cette date mémorable, l'Etat développe un discours généreux en direction de la communauté estudiantine, mais force est de constater que la deuxième génération après l'indépendance ne semble pas secréter la même «sève révolutionnaire». Tenu à l'écart du débat national et «infantilisé» par une administration qui insiste un peu trop sur son confort matériel, l'étudiant algérien donne l'impression d'avoir perdu une bonne partie de l'âme révolutionnaire qui a permis à ses aînés de faire un rêve fou et de le réaliser. L'étudiant de 2015 à beaucoup de droits, mais plus celui de rêver.