Chacun des principaux partis du pouvoir revendique la paternité de l'initiative qui n'en est pas une. Les «frères ennemis» ne sont pas d'accord. Entre le «oui, mais» et le «non, mais» de Ahmed Ouyahia, on se dit que le RND est partant pour le front ou l'alliance pour le soutien du programme du président Bouteflika, qu'ils ont soutenu avec d'autres depuis qu'il est aux commandes soit en 1999. Sauf que cette fois-ci, en boudant le FLN qui lui fait de l'ombre, le RND veut s'émanciper en allant discuter comme partenaire à part entière, au lieu de suivre Saâdani qui s'est découvert tout à coup des qualités de meneur, depuis que les événements lui ont donné raison, suite à la destitution du général Toufik et d'autres faits, y compris au sein du FLN quand s'est posée la question de trancher entre lui et ses opposants. On l'a vu partout où il se déplace, il y a foule autour de lui. Ses fans l'accueillent en sauveur, des fois jusqu'à l'adulation, avec l'arrière-pensée d'attirer l'attention sur les échéances prochaines, l'élection du Sénat s'entend. A côté, Ouyahia ne jouit pas de la même aura. Il n'est qu'intérimaire au RND, en remplacement d'un Bensalah en fin de parcours. Il n'a pas non plus de poste à la chefferie du gouvernement comme avant, pour prétendre dicter ses initiatives comme avant. Et il n'y a pas à ses côtés le MSP de Bouguerra Soltani qui savait mettre sa verve au profit de la défunte Alliance présidentielle. Maintenant que Makri s'est éloigné du groupe en véhiculant un discours des plus incendiaires vis-à-vis de ses anciens alliés, il n'y a que le MPA de Amara Benyounès et le TAJ de Amar Ghoul pour parer au plus urgent. Il y a encore l'ANR dont le responsable fait des offres de service, sans être vraiment entendu. Le décor est donc planté. Ils sont tous là à attendre la forme que prendra la chose, l'alliance ou le front; ils se boudent, ils se bousculent pour rentrer dans les rangs le moment venu. Il n'y a que deux acteurs qui remplissent vraiment leur rôle, Saâdani et Mezrag, qui font les unes des journaux, oserait-on dire, les autres font ce qu'ils peuvent pour apparaître sans trop attirer l'attention, comme Benyounès qui dit, par exemple, qu'il soutient toujours Bouteflika même s'il n'est pas au gouvernement. Qui dit mieux? L'alliance est une forme de soutien au gouvernement quand les projets de loi passent devant l'APN. Elle sert à assurer le vote par la majorité, d'autant que les voix de l'opposition se dilatent de jour en jour, suite au nombre de partis créés et qui ont constitué leurs propres groupes parlementaires, au grand dam de Makri. Tous ces indices donnent du crédit au SG du FLN qui veut à tout prix rentabiliser ce fonds, pour un nouveau départ, d'un FLN «uni», fort du potentiel de ses hommes, comme il le dit, et de sa proximité avec le centre de décision. A côté, le RND, qui fut créé sur son dos lorsque le pays était à feu et à sang, n'a qu'à suivre le rythme comme les Benyounès, Ghoul et autres.