Depuis ces 20 dernières années l'école algérienne est dans un piètre état L'heure est grave: il s'agit d'une guerre contre l'archaïsme, l'obscurantisme et le conservatisme les plus stérilisants. Après le terrorisme, l'Algérie est désormais confrontée à une nouvelle bataille: celle qu'elle doit désormais mener contre l'archaïsme, l'obscurantisme et le conservatisme les plus stérilisants. Au moment où nos voisins marocains osent des réformes dans leur système éducatif en inscrivant l'enseignement de la langue française dès la première année primaire, au moment où l'école tunisienne tend à devenir une référence dans le Monde rabe et chez les pays du Golfe, les islamistes algériens tentent de tirer notre école sur les chemins de la régression. Par une incroyable alchimie, les islamistes, les baâtistes, les conservateurs, les uléma, les imams et les zaouïas, se lèguent contre la ministre de l'Education. Ils veulent brûler l'école algérienne et advienne que pourra. Ils s'acharnent «les promoteurs du projet d'une école républicaine et foncièrement algérienne de suppôts de l'impérialisme culturel et intellectuel». Pourtant, les résultats sont là: depuis ces 20 dernières années, l'école algérienne est dans un piètre état. La déperdition scolaire fait des ravages. Selon des statistiques rendues publiques par le ministère de l'Education un élève sur cent arrive à passer le bac. Une fois à l'université, le niveau de nos étudiants laisse également à désirer. Ils ne maîtrisent ni langue ni sciences techniques. Certes, le problème les dépasse puisque même les universités algériennes ne figurent même pas dans le classement mondial, mais l'équation est simple: un système éducatif fort ne pourra fournir qu'un bagage fort aux futurs étudiants. C'est exactement l'objectif que s'est assignée la ministre de l'Education nationale à travers l'adoption de ce nouveau programme basé initialement sur l'approche par compétence. Ainsi, les programmes de deuxième génération «insistent sur les valeurs algériennes, en tant que trames des solidarités sociales, portées par l'histoire et la géographie, le patrimoine culturel et les valeurs spirituelles». Cela ne satisfait pas pour autant les islamistes qui se sentent directement menacés. Une école moderne qui projette l'Algérie dans le concert des nations développé est le dernier de leurs soucis. Les tenants de la stagnation du secteur s'en prennent à la ministre de l'Education parce qu'elle touche à leur «registre du commerce». Il s'ensuit alors une véritable campagne de lynchage contre Benghebrit qui devient une cible à abattre aux yeux de cette mouvance. La crainte, ce n'est pas seulement la virulence de ces attaques incessantes qui vont crescendo, mais c'est le silence des parents d'élèves et des syndicats qui restent spectateurs. Qu'attendent-ils pour agir? que l'école brûle, qu'elle tombe sous l'escarcelle des islamistes? Le temps presse et l'heure est grave tant c'est tout l'avenir du pays qui se trouve engagé.«La langue française est un butin de guerre», disait l'écrivain Kateb Yacine. Près de 4 millions d'Algériens vivent actuellement en France. Il y a une réalité que nous pouvons ignorer, l'Algérie est le deuxième pays francophone et n'a aucun complexe à utiliser la langue de Molière, n'en déplaise aux islamo-baâtistes. La maîtrise d'une langue ne peut être qu'une richesse. La France coloniale est restée 130 ans en Algérie et ce n'était pas pour autant que les Algériens ont abandonné leur religion, et leur identité. L'école algérienne a grand besoin de la réforme en cours. Pour sauver nos enfants. Pour leur permettre de gagner sur le terrain mondial de l'intelligence, de plus en plus performant. Il ne s'agit nullement de jeter le système éducatif algérien dans le giron de la France, mais d'algérianiser l'école algérienne, c'est-à-dire, de l'expurger de l'idéologie panarabe et islamo-conservatrice qui la gangrène et que, eux, défendent mordicus, pour des objectifs politiques. Les accusations que profèrent les islamistes contre la ministre de l'Education sont pour ainsi dire infondées d'autant plus que celle-ci tente, contre vents et marées et contrairement à leurs allégations, non pas de jeter le système éducatif algérien dans le giron de la France, mais d'algérianiser l'école algérienne, c'est-à-dire, de l'expurger de l'idéologie rétrograde qui la gangrène. Ce discours irresponsable des islamistes, notamment le MSP de Makri et le FJD de Djaballah, de certains imams et chefs de zaouïas et des uléma, qui tente de répandre un climat de suspicion est sans conteste un dérapage de trop même si la ministre de l'Education, en pédagogue avertie, sait se défendre sereinement et freiner les tempêtes, y compris les plus violentes.