Importer oui, mais pas n'importe quoi Le gouvernement peine à rétablir l'ordre dans un marché inondé par les importateurs, des produits sans valeur commerciale et livrés aux spéculateurs qui imposent leur «diktat». En voulant réguler le marché à travers la réduction des importations, le gouvernement tombe dans le piège des spéculateurs qui continuent d'imposer leur diktat sur le marché national. Les différentes mesures prises dans ce sens ont engendré des conséquences difficiles à gérer pour le citoyen lambda, dont la flambée des prix épuise sa bourse et n'arrive toujours pas à boucler la fin du mois, faute d'un système de contrôle et de régulation efficient, du marché local. En effet, la réduction des importations est plus qu'une nécessité pour la protection de la production nationale, mais la manière, avec laquelle le gouvernement a agi, pénalise le consommateur, coincé entre l'indisponibilité et la cherté du produit. Certes, ce n'est un secret pour personne, en Algérie on importe tout et à n'importe quel prix, même des marchandises sans valeur commerciale. L'objectif de ces importateurs est le transfert de la devise à travers la surfacturation. Une situation qui a fait réagir le gouvernement à travers des mesures visant la réduction ou la limitation des importations comme seul moyen de rééquilibrer le déficit commercial du pays qui s'est accentué pour atteindre les 17 milliards de dollars en 2016 contre 13 milliards de dollars en 2015. Pour cela, le gouvernement prépare une nouvelle liste de produits à importer, qui sera connue après la réunion du Conseil des ministres, la semaine prochaine pour remplacer la liste actuelle des produits éligibles à l'importation qui datait de 2008, limitant l'entrée des marchandises étrangères aux seuls produits indispensables, à l'instar des produits de large consommation, ou ceux servant à la production nationale, tels que les intrants et les équipements. Le reste des produits, de seconde nécessité, seront soumis à des quotas préalablement définis dans le cadre de la politique protectionniste adoptée par le gouvernement depuis quelques années visant à encourager la production nationale. Une politique qui devrait être accompagnée par de nouvelles mesures permettant la protection du pouvoir d'achat du citoyen qui se plaint de la cherté de certains produits sur le marché national et manifeste son mécontentement pour dire halte à la spéculation sur les prix de certains produits. La pomme de terre, la banane, les voitures, l'ail, la pomme, l'huile de table... la liste des produits, dont les prix sont toujours inaccessibles, est encore longue et le gouvernement n'arrive toujours pas à imposer la loi. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville également ministre du Commerce par intérim, avait promis récemment d'agir et de barrer la route aux spéculateurs, «en instituant des systèmes de veille et d'alerte pour contrer le phénomène de la spéculation qui épuise les bourses des ménagères». Ce dernier assure que des produits à large consommation sont disponibles sur le marché avec des prix abordables, mais sur le terrain, la flambée des prix a atteint son pic. Les commerçants la justifient par le manque de produits et le ministère du Commerce évoque le renforcement de son effectif des contrôleurs pour atteindre les 8000 contrôleurs chargés du suivi de l'évolution des prix et de déclarer la guerre aux spéculateurs. Le ministère du Commerce a affirmé avoir pris des mesures draconiennes dans le cadre de son programme de lutte contre les spéculateurs, mais cela n'a pas empêché les fraudeurs d'exceller dans leur mode opératoire comme le confirme la réalité du marché.