Une vue du Conseil des ministres Le président Bouteflika a appelé, hier, les Algériens à participer massivement au scrutin d'aujourd'hui en vue du renouvellement des Assemblées populaires communales (APC) et de wilayas (APW). Les prochaines assemblées locales, a considéré le chef de l'Etat lors du Conseil des ministres qu'il a présidé, seront «un échelon essentiel de la modernisation du service public» et «constitueront sur le terrain, l'outil de valorisation des ressources publiques au bénéfice des citoyens». Ces élections qui interviennent dans un contexte particulier de crise financière que traverse le pays sont en effet une opportunité pour les élus locaux d'innover dans la gestion et de rationaliser strictement les dépenses. Il appartient de ce fait aux citoyens et à eux seuls d'élire les personnes indiquées pour diriger les exécutifs communaux et des APW. Ces élection interviennent également dans un contexte social en pleine mutation. L'Algérie connectée aux réseaux sociaux connaît un boom dans ce domaine en termes de connectivité. Des pages Facebook animées, des meetings suivis en direct, des vidéos et des images assorties de milliers de commentaires font que la pratique politique a totalement changé au sein de notre société. Les élections locales de 2017 en Algérie marquent un tournant, elles s'organisent dans un contexte de digitalisation accentuée de la société. Les derniers chiffres sont éloquents: l'Algérie compte 20,8 millions d'internautes, on recense 20 millions de comptes Facebook et 26,676 millions d'Algériens connectés à l'Internet mobile. Mieux encore, ajoute cette même étude, 65% des internautes passent trois heures ou plus sur le Net et ils sont 90% à passer deux heures ou plus sur le «NET». Dans cette dynamique, l'on assiste à des attaques en règle contre le déroulement du processus électoral dont la régularité, il faut souligner ce mot, n'arrange pas tout le monde. Dans ce contexte l'appel lancé par le président Bouteflika aux Algériens à se rendre massivement aux urnes trouve tout son sens et il est à même d'inciter les plus hésitants à aller accomplir leur devoir électoral. Près de 23millions d'électeurs et électrices sont appelés aujourd'hui aux urnes pour choisir leurs représentants aux assemblées élues. Quelque 165.000 candidats, représentant une cinquantaine de partis politiques, quatre alliances et des listes indépendantes, sont en lice pour les élections des APC. Sur l'ensemble de ces candidats, 51,5% sont âgés de moins de 40 ans et 18% sont des femmes. Plus de 16.000 autres candidats postulent pour le mandat de membre d'APW, parmi lesquels 48% ont moins de 40 ans et 28% sont des femmes. Un total de 12.457 centres de vote, dont 342 nouveaux centres, 55.866 bureaux de vote, dont 3111 nouveaux bureaux, sont prévus pour cette nouvelle consultation populaire. L'autre particularité de ces élections et pas des moindres est la descente aux enfers de la mouvance islamiste en Algérie. Les islamistes algériens ont du mal à trouver leurs marques. Timides, fades, leurs manifestations sur le terrain ne drainent plus les foules qui faisaient trembler les démocrates et les dirigeants du pays. Cette disparition des radars est-elle une attitude voulue? Un manque de visibilité de la scène politique qui les confine à la prudence? Ou alors c'est la guerre de leadership? En tout cas, ils ne savent plus quelle attitude adopter face aux échéances. Cette débâcle a commencé il y a cinq ans quand une tentative d'unification a été très sérieusement évoquée lors des élections législatives de mai 2012. L'opportunité était inespérée au moment où le printemps arabe ne fleurissait qu'en vert. Les gouvernements islamistes étaient en vogue dans le Monde arabe qui s'est même offert une présidence en Egypte avec l'élection de Mohamed Morsi comme chef de l'Etat. Peine perdue. Non seulement les islamistes algériens n'ont pas réussi leur entreprise de réunification, mais ils ont subi un cuisant échec électoral. L'urne a opposé un niet catégorique à cette mouvance. Le même échec a été recommencé lors des législatives du 4 mai dernier. En sera-t-il de même lors des locales d'aujourd'hui? Si cette tendance se confirme, on doit sérieusement évoquer la fin de cette mouvance, du moins dans sa composante actuelle. Car il ne faut jamais perdre de vue, que les islamistes ont une incroyable capacité de mutation et d'adaptation. Il faut guetter les résultats qui jailliront des urnes dès ce soir.