En prenant une décision controversée sur El Qods, le président des Etats-Unis, Donald Trump, illustre magistralement sa méconnaissance nuisible du contentieux proche-oriental en général, du conflit israélo-palestinien en particulier. La décision de Trump ne repose sur aucune règle de droit, en particulier le droit international et les textes de la Charte de l'ONU, instruments appropriés pour résoudre le conflit en conformité avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Cela, certes, en s'en tenant au droit international tel que promulgué par l'ONU. A l'évidence, Trump fait fi du droit. La puissance de son pays lui donne raison, donc ses décisions font force de loi. C'est précisément ce qu'il a acté concernant le dossier israélo-palestinien. Dès lors, du point de vue de Trump, c'est le pays qui occupe un territoire qui n'est pas le sien, qui multiplie les implantations de colonies illégales, qui reconfigure la Ville sainte, édifie en Cisjordanie le mur de la honte et, last but not least, impose l'apartheid aux Palestiniens qui, à ses yeux, est dans le bon droit. Le droit du plus fort. Dès lors, Trump juge ordinaire qu'un peuple soit spolié de ses terres par la force - en sus de la destruction de ses maisons, de ses biens par l'armée d'occupation - soit enfermé dans un ghetto et privé de sa liberté. C'est le cas du blocus inhumain - aérien, maritime et terrestre - dont sont victimes les habitants de Ghaza, transformée depuis dix ans en gigantesque prison. Aussi, selon Trump, Israël fait oeuvre d'altruisme par ses exactions contre un peuple désarmé, dont les droits sont déniés. Ainsi, pour Trump, qui a décidé de transférer l'ambassade US à El Qods spoliée et occupée, Israël symboliserait le summum de ce que doivent être les droits de l'homme, lesquels constituent le leitmotiv des interventions des Etats-Unis dans le monde. Fort de la puissance militaire et financière du pays qu'il dirige, Trump, tout en piétinant le droit international et les résolutions de l'ONU, ajoute au rejet des droits des Palestiniens, l'abjection de couper l'aide des Etats-Unis à l'Organisation des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa, United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East). Ensuite, Trump aura beau jeu de discourir sur la sauvegarde des droits de l'homme dans le monde, qu'il foule du pied dans les territoires palestiniens occupés. Au cours des dernières années, le gouvernement sioniste a autorisé la construction de milliers de logements dans les territoires occupés en Cisjordanie et à El Qods, décision réprouvée par l'ONU et ladite «communauté internationale». Le monde a beau être unanime, estimant les colonies israéliennes illégales, nulles et non avenues qu'elles aient ou non été autorisées, Israël s'en moque. Or, ces logements dans les territoires palestiniens occupés, Israël les construit avec les dollars américains généreusement octroyés par Washington. Il est même probable que Trump ait fait des dons pour aider à l'implantation de nouvelles colonies, le milliardaire en ayant largement les moyens. Avec quelle balance, Trump mesure-t-il, a-t-il mesuré, les tenants et aboutissants du contentieux israélo-palestiniens, pour arriver à la décision - prise sans doute en toute conscience - de reconnaître El Qods «capitale» d'Israël? En tout état de cause, Trump a agi en connaissance de cause, sachant qu'il allait à l'encontre - outre d'un tabou, la reconnaissance d'El Qods «capitale» d'Israël - du droit international censé régir et légitimer les rapports entre les nations. Si Trump ne tient pas compte de ce postulat, cela veut dire qu'il juge que sa position d'administrateur de la première puissance mondiale, lui donne le droit d'entreprendre à sa guise, plaçant ainsi sa propre volonté au-dessus du droit international. Si ce droit international a encore, certes, une quelconque crédibilité. L'impuissance même de l'ONU à réagir aux oukases et aux violations du droit international par les Etats-Unis en dit long sur le fait que ce dit droit n'engage en fait que ceux qui veulent encore y croire. Le déni des droits des Palestiniens en atteste chaque jour. Deux pays, les Etats-Unis et Israël, se sont délibérément mis au-dessus des lois internationales que les Nations unies sont impuissantes à leur faire respecter. Pourquoi des pays sont tenus au respect du droit international, alors que les Etats-Unis et Israël ne le reconnaissent pas, même s'ils n'en sont pas exonérés. Face au diktat des Etats-Unis, aux oukases d'Israël, une théorie de secrétaires généraux de l'ONU se sont vus astreints à se dire «déçus» par les dépassements d'Israël, validés par son protecteur états-unien. Dans cette loi de la jungle, l'ONU est inapte à sanctionner les Etats-Unis, comme à faire appliquer ses résolutions par Israël. Il est vrai que personne n'a songé à enseigner à M. Trump la Palestine, berceau de la civilisation humaine, réduite en désert par l'usurpateur sioniste.