«Ce qui nous fait réagir ainsi, c'est le refus de nous écouter, le mépris, le refus de dialoguer.» La fermeture de la Route nationale N12, qui relie Tizi Ouzou à la capitale à l'ouest et Béjaïa à l'est, a fait réagir les pouvoirs publics, à leur tête le premier responsable de la wilaya, Mohamed Bouderbali. Lors de sa sortie, à l'occasion de la Journée nationale de la commune qui a paradoxalement coïncidé avec une action du genre qui se déroulait encore à Oued Aïssi, le wali a mis l'accent sur le caractère non constructif de cette façon de protester. En fait, cette sortie du premier responsable de la wilaya est venue confirmer le ras-le-bol général de la population face à ces fermetures de routes, des sièges des mairies et de sociétés de gestion comme l'ADE. Les populations souffrent doublement, en fait, face à ces comportements. Il faut surtout être sur place, tous les jours, pour comprendre le sentiment d'indignation quasi unanime des citoyens, mais qui nuance tous leur jugement. Les pouvoirs publics, par la voix du wali, semblent ne pas privilégier la manière forte en mobilisant les forces de l'ordre. Mais toutes les solutions qu'on pourra apporter seraient inefficaces avant que les responsables directs au niveau local et les élus locaux n'aient épuisé toutes les voies du dialogue. Beaucoup considèrent en effet qu'engager la force publique face aux protestataires pourrait avoir l'effet inverse. Cela ne fera qu'aggraver les problèmes. En effet, d'autres solutions sont plus adéquates. La plus importante est d'abord, avant tout, de connaître les vraies causes de ces actions. Depuis plusieurs années, lors de nos sorties sur le terrain pendant ces protestations, nous avons relevé et signalé la cause profonde évoquée par des citoyens en colère. «Nous voudrions que les responsables de la wilaya sachent que nous sommes conscients de ces désagréments. Nous ne sommes pas des barbares ou des sauvages. Nous savons que les problèmes ne peuvent pas trouver de solution magique tout de suite. Ce qui nous fait réagir ainsi, c'est le refus de nous écouter, le mépris, le refus de dialoguer et surtout les promesses non tenues par nos interlocuteurs.» Ces mots ont été recueillis dans plusieurs actions du genre. Ces propos indiquent, si besoin est, que la solution n'est en effet pas dans l'utilisation de la force publique, mais plutôt dans le dialogue. La colère qui provoque ces actions n'est pas la cause directe des problèmes vécus, mais elle provient du sentiment d'être méprisé qui s'accumule. Dans toutes les actions, surtout dans les premières années, les citoyens affirmaient recourir à la fermeture pour faire réagir les responsables locaux qui ne veulent pas dialoguer ou qui ne tiennent pas leurs promesses. A l'évidence, le laisser-aller qui a duré des années a fini par banaliser ce genre d'action et en faciliter le recours. Aujourd'hui donc, c'est toute la collectivité locale qui en souffre. La commune, l'économie locale, les populations. La prise de conscience est générale. Mais la solution ne peut venir que des élus locaux et les autres responsables au niveau local en restant à l'écoute des populations. Celles-ci ne demandent pas des solutions miracles à leurs problèmes, mais de la considération et le dialogue pour trouver des réponses aux problèmes.