Il s'agira de recevoir des touristes de façon à ne pas leur faire regretter d'être venus Tout doit être pensé de façon à répondre aux besoins d'une clientèle toujours plus nombreuse, toujours plus exigeante et toujours à la recherche du mieux-être et de l'authenticité. Dans les prochaines années, les capacités hôtelières algériennes vont passer presque du simple au double. Telle est l'ambition des pouvoirs publics. Une ambition qui fonde sa pertinence sur des calculs économiques rigoureux, selon lesquels le tourisme est une industrie capable de générer une richesse et apte à suggérer une réponse fiable, sérieuse et durable à la question de l'après-pétrole. Une réponse qui se passe donc de toute fantaisie car, rien que de penser à une Algérie sans ressources pétrolières donne froid dans le dos. Hôtellerie urbaine, balnéaire, saharienne, établissements de thalassothérapie... Pour répondre aux besoins d'un tourisme d'affaires, de recréation, d'évasion, de santé... Tout est pensé de façon à répondre aux besoins d'une clientèle toujours plus nombreuse, toujours plus exigeante et toujours à la recherche du mieux-être et de l'authenticité. Ces structures d'hébergement, anciennes et nouvelles doivent tenir compte, dans leurs formes et dans les services qu'elles sont amenées à rendre et des tendances de l'industrie du tourisme, présentes et à venir. Elles doivent également prendre en charge les préoccupations liées aux impératifs de développement économique et culturel. Des investisseurs de divers pays se sont engagés dans cette ambitieuse entreprise algérienne, Le chant des sirènes, toujours plus fort et toujours plus insistant, plus convaincant. Des centaines de millions, voire des milliards d'euros seront engloutis dans les infrastructures, toutes aussi modernes les unes que les autres. Un marché captivant. Ces efforts faits, ces dépenses colossales engagées, ces constructions abouties, il ne restera plus que...l'essentiel. Recevoir des touristes que les promoteurs de la destination touristique algérienne auront la responsabilité et la mission de faire venir en nombre. A ce moment-là, notre hospitalité millénaire, notre hospitalité légendaire, suffira-t-elle pour recevoir cette multitude de touristes venus à la découverte de l'Algérie et des Algériens? Il s'agira de recevoir des touristes selon les règles de l'art et de façon à ne pas leur faire regretter d'être venus, de leur assurer un accueil durablement bienveillant et surtout de s'assurer de leur fidélité. L'hospitalité étant à l'accueil ce qu'est l'éclair à l'électricité domestique, il faudra un travail de domestication de longue année pour que l'instinctive hospitalité devienne «un accueil», un acte commercial. Cela signifie qu'en contrepartie d'un prix d'un produit hôtelier, un repas, une nuitée, une boisson, il soit offert au client, le même accueil, autant de fois que cette prestation sera sollicitée et que ce prix sera payé. Cela signifie que l'accueil ne doit pas être l'otage du bon vouloir ou de la «bonne humeur» de l'hôtelier ou, de sa «bonne disposition du jour». Au jour d'aujourd'hui, cela relève presque du miracle. L'Algérien est réputé généreux, hospitalier, mais malheureusement, très souvent otage de son humeur. Et l'humeur s'accommode mal ou pas du tout avec le professionnalisme. L'accueil étant l'expression marchande de l'hospitalité, seules les règles du marché peuvent l'imposer comme maillon incontournable du processus de production de service touristique. Deux éléments peuvent assurer la mutation de l'hospitalité en accueil de façon durable: la concurrence et la formation hôtelière. La première, en ce qu'elle peut générer comme émulation et donc exigence comportementale et la seconde en ce qu'elle peut générer comme savoir-être et savoir-faire. Et si de nombreuses unités hôtelières ont bénéficié de programmes généreux de réhabilitation pour les ramener aux standards internationaux, il est temps de penser à ces écoles de formation hôtelières dont les installations, les équipements et les programmes sont très largement obsolètes. Pour un accueil de toujours à la place de l'hospitalité d'un jour.