«Il est temps de donner le nom du sélectionneur national» a déclaré le ministre de la Jeunesse et des Sports mardi dernier, traduisant le ras-le-bol qui mine le moral des troupes tant le jeu du yoyo aura duré au-delà du raisonnable. Semaine après semaine, des noms ont été jetés en pâture, certains estampillés comme sûrs et certains, avant d'être jetés aux orties vingt-quatre heures plus tard. Passé le feuilleton Vahid Halilhodzic, tant espéré et au bout du compte intouchable, on a eu droit à des noms néerlandais, portugais et français, mais toujours pour entendre dire que l'affaire n'a pu être conclue. Pourquoi donc? La réponse est toute simple. N'importe quel entraîneur censé, sans être un foudre de guerre, réfléchirait à deux fois avant de se jeter dans le bourbier algérien, compte tenu des expériences de ceux qui l'y ont précédé. L'aventure algérienne n'a rien de tentant et encore moins d'alléchant, outre-Méditerranée. Imaginez le malaise pour la famille de celui qui oserait prendre le risque, car braver le soleil national du côté des rues algéroises ne peut être comparable à «la dolce vita» sous d'autres cieux, même et y compris ceux qui ne sont pas si éloignés de nous. L'aveu de coach Walid dont la famille préférait l'attendre sur les berges de la Seine plutôt que sur celles du fleuve El Harrach est éloquent à plus d'un titre. Quant au travail lui-même, les conditions si particulières sont telles que les sélectionneurs comme les joueurs, du reste, finissent vite par traîner les pieds, faute de réelles motivations non pas pécuniaires mais principalement morales. Combien de fois n'a-t-on pas tiré à boulets rouges sur les «zmigri» qui «sont là faute de mieux», et auxquels on prête un crédit qu'ils «sont loin de mériter» en tant que stars du ballon rond. Ignoble comportement qui révèle non seulement une absence bête et méchante de gratitude pour des jeunes nourris au rêve patriotique de leurs parents, mais s'affiche en outre telle une gangrène colportée par les bas-fonds dont le football national porte les tristes stigmates depuis quelques années. A ce jeu-là, on a fini par perdre la foi et les résultats enregistrés traduisent logiquement le mal profond qui affecte la maison FAF et ses diverses excroissances. Rien d'étonnant donc à ce que son président cavale de week-end en week-end, portant la toque d'un sélectionneur virtuel un jour et celle d'un autre la semaine d'après, sans qu'on puisse dire à quel moment nous verrons réellement le bout du tunnel. Et d'ailleurs, lorsque la révélation viendra, puisqu'il faut bien qu'elle vienne un jour ou l'autre, y a-t-il une quelconque garantie que les résultats vont miraculeusement surgir au grand bonheur des foules extasiées? Pas sûr car l'extase a cédé la place depuis belle lurette à une espèce de résignation lucide qui admet sereinement que le rêve est bel et bien fini.