Absorbés par les petits tracas quotidiens, les Oranais tournent le dos à la chose politique. Dressée dans la somptueuse bifurcation du café Riche, jouxtant la rue El Widad, la Rue Emir Abdelkader et la rue Khemisti, la mouhafadha FLN est totalement désertée donnant une image hideuse aux passants. Dans le passé, cette géante structure de plusieurs niveaux ne désemplissait pas. Ses bureaux abritant les organisations satellites comme l'Unja et l'organisation féminine étaient noirs de monde. Lors des dernières joutes, législatives et locales de 2017, les tenants du pouvoir local avaient opté pour une villa située dans le quartier chic de Akid-Lotfi qu'ils ont transformée en mouhafadha. Les réunions rassemblaient des militants et des activistes politiques pour débattre des sujets sans fixer au préalable l'ordre du jour. Aucune activité politique n'agrémente la vie estivale des Oranais. Hormis le Front des forces socialistes qui se débat, contre vents et marées, en restructurant la fédération d'Oran et ses instances locales tout en doublant d'appels pour réunifier sa base militante. La saison est plutôt propice à la farniente. On se prélasse dans les villes ibériques pour certains et dans des somptueux bungalows des villages touristiques de la corniche ouest de la capitale du tourisme. Toutes les permanences, ouvertes, sous les sonorités de «karkabou» et du baroud, à l'occasion des dernières législatives et des dernières locales sont fermées. Seules les affiches des candidats collées dans les murs rappellent les passants que les Oranais ont été invités à voter en 2017. Le relâchement politique n'est pas nouveau dans la wilaya d'Oran. La mouhafadha d'Oran a été fermée depuis le décès de Djelloul Brahma. Depuis, le peu de militants ne sait plus à quel saint se vouer. C'est d'ailleurs à se demander si l'on prend compte du potentiel humain et des cadres hiérarchiques qu'a donnés cette wilaya en étoffant le staff gouvernemental à commencer par Zitouni occupant le poste de ministre des Moudjahidine, Mebarki, Abdelwahid Temmar etc. L'exercice politique n'a pas lieu d'exister dans une wilaya connue pour être le plus grand réservoir électoral composé de plus de 1 million d'électeurs. Les conditions sociales, la baisse du pouvoir d'achat, le problème du logement font que comme partout ailleurs, les Oranais tournent le dos à la chose politique qui est devenue synonyme de roublardise. Oran, un petit mot revenant sur toutes les lèvres pour désigner le politicien de tous les maux tout en le traitant de tous les noms d'oiseaux. Tout compte fait, les cadres futés se donnent rendez-vous dans des cafés pour débattre de l'intox et la désinformation. On commente l'actualité politique, on se livre au jeu des rumeurs, on scrute les déclarations des chefs de partis ou encore pour annoncer, sans aucune confirmation, des changements au niveau du gouvernement. Mais, ces malins ne lâchent rien. Ils ne ratent pas l'occasion pour parler du foncier, de l'import-import et de l'immobilier pendant que d'autres exhibent leurs somptueux portables pour faire valoir leurs biceps s'affichant en mesure de régler, en un tour de main, tous les problèmes administratifs et dénouer des crises et des blocages provoqués par l'administration qu'ils qualifient de bureaucratique tout en annonçant, fièrement, qu'ils s'apprêtent à rallier les Lieux saints pour l'accomplissement du cinquième pilier de l'islam, le pèlerinage. «On ira se laver nos os et osselets», prononcent-ils très souvent.