«L'Algérie n'a pas besoin d'emprunter...» a déclaré Ferid Belhadj, vice-président de la Banque mondiale, chargé de la région Mena, qui vient d'achever son séjour dans notre pays. La longue polémique suscitée par l'option du gouvernement, sur instruction du chef de l'Etat, à renoncer à l'endettement extérieur pour répondre à la crise financière doit baisser d'un ton. Sévèrement critiquée par de nom-breux théoriciens dont des experts du Fonds monétaire international, elle vient d'être confortée par la Banque mondiale, une institution qui n'a pas dans ses habitudes de distribuer des bons points à l'emporte-pièce. Sans le vouloir, elle vient d'arbitrer un débat, qui a fait rage, autour du recours au financement non conventionnel pour renflouer la Trésorerie du pays et assurer les équilibres budgétaires. Cette option a soulevé bien des interrogations, des inquiétudes surtout faisant brandir le spectre d'une inflation galopante qui serait incontrôlable. Le verdict vient à nouveau donc de tomber. Emanant d'une institution financière qui n'a pas la réputation d'être laxiste, on ne peut donc que se fier à son impartialité. Que pense-t-elle de ce choix? «L'Algérie a suffisamment de financements et n'a besoin d'emprunter ni auprès de la Banque mondiale ni auprès de quelqu'un d'autre. Notre engagement avec l'Algérie est un engagement que nous avons élevé au niveau d'un dialogue et d'un échange d'expériences», explique le représentant de la BM en visite en Algérie du 4 au 7 septembre. Il faut en effet rappeler que l'Algérie dispose encore d'un matelas financier plutôt confortable eu égard à cette conjoncture de crise économique mondiale. Il s'élevait à près de 95 milliards de dollars à fin mars 2018. La détérioration de l'état de la Trésorerie du pays, le recours au financement non conventionnel pour assurer les équilibres financiers, le niveau des cours du pétrole...ont donné libre cours à des rumeurs annonciatrices d'une prochaine faillite inévitable. L'avenir se dessinait en noir. Les fossoyeurs de la République y ont vu les prémices d'un enterrement de première classe. Les déclarations du vice-président de la Banque mondiale chargé de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord viennent de mettre fin à leurs extravagances. Il coupe en même temps l'herbe sous les pieds de ceux qui ont prédit la banqueroute de l'Algérie qui regarde vers l'avenir plus sereinement. «Ce que j'ai tiré de ce premier contact c'est qu'on est en présence d'une nouvelle Algérie», a relevé le responsable de l'institution de Bretton Woods. L'Algérie en construction, sur le chemin du développement est inévitablement perçue comme un partenaire. «Nous prenons l'expérience algérienne et nous voyons dans quelle mesure elle est pertinente et dans quelle mesure elle peut être appliquée avec des adaptations dans d'autres pays», a indiqué le chef de la délégation de la BM qui a séjourné du 4 au 7 septembre en Algérie. «C'est véritablement un échange de connaissances et aussi un travail dans lequel la coopération technique devient un axe fondamental dans la relation entre la Banque mondiale et l'Algérie», a précisé Ferid Belhadj. Voilà qui va remettre bien des pendules à l'heure. Et ce n'est pourtant pas la première fois qu'un responsable de la Banque mondiale tient un discours où il est question de non seulement traiter d'égal à égal avec ses partenaires algériens, mais aussi de porter un intérêt tout particulier aux réformes engagées par le pays. Le nouveau modèle de croissance économique qu'elle compte concrétiser suscite tout simplement l'admiration. «Nous regardons la mise en oeuvre de cet ambitieux programme avec beaucoup d'attention car beaucoup de pays, que nous représentons, peuvent tirer profit de cette expérience. Je pense, qu'avec les compétences disponibles au niveau du gouvernement (algérien), ce programme pourra être mis en oeuvre en dépit des défis existants», a affirmé Merza Hassan, porte-parole d'une délégation de la BM qui a séjourne dans notre pays en mai 2017. L'Algérie qui ambitionne de s'affranchir des hydrocarbures qui représentent l'essentiel de ses exportations a opté pour la diversification de son économie à travers un programme dont les grandes lignes ont été esquissées lors de la 19ème tripartite (gouvernement, patronat, Ugta) qui s'est tenue au mois de juin 2016 à Alger. La Banque mondiale persiste à lui manifester de l'intérêt même si cela continue à faire jaser...