Les crimes contre les enfants, les plus craints, restent les crimes sexuels, pourtant, une lutte acharnée s'ensuit... L'épicier de la cité a un sourire carnassier, mais pas avec les tout jeunes clients qui sont constamment mobilisés par les mamans qui ont, à longueur de journée besoin d'épices, besoin de savon et d'autres produits de première nécessité. Donc, mobilisés par les familles, les gosses sont là, disponibles à souhait. Tous les jours, les visites sont fréquentes et notre épicier se pourlèche les babines, dès qu'il reçoit la visite d'un môme, beau comme un dieu grec si possible, venu faire des provisions. Ne faisant pas attention au seul fait que ces innocents entrent dans la boutique en toute confiance, le gars offre de temps en temps, des friandises à ses jeunes clients. Jusque-là tout va pour le mieux sauf si le silence des victimes entre en jeu, et personne ne se plaint de tonton l'épicier, jusqu'au jour où il attira un frêle et petit beau gosse derrière le comptoir et se mit à le caresser. Le gosse, avec ses neuf années, ne saisit pas, d'abord, les intentions animales du hideux commerçant qui ne s'arrêtera pas là. Toujours de derrière le comptoir, le vilain déculotte l'enfant et... Plus tard, il rentre à la maison, tout en larmes. Il venait de s'apercevoir du forfait commis à son encontre. Alertée, la mère toucha deux mots à son mari qui ronflait en ce moment de sieste et en route vers le poste de police où la prise en charge fut immédiate. Avec la célérité qu'on leur connait, les flics se rendent chez l'épicier qui fut entendu, puis amené au commissariat pour entendre officiellement le suspect, lui-même père de quatre enfants. Il sera alors entendu par le procureur qui l'expédie vers le médecin pour le constat du viol. Le juge d'instruction qui, après avoir entendu toutes les parties, prononce le mandat de dépôt du suspect qui passera sa première nuit en taule. Elle sera mouvementée car les détenus n'aiment pas ceux qui s'amusent avec l'amour - propre et l'honneur des bambins. Le crime le plus abominable dans la série des crimes sexuels, reste, sans contexte l'attouchement, et plus particulièrement, sur des mineurs, surtout lorsqu'il est suivi d'une tentative de viol, ou carrément de viol pur et simple. Les magistrats chargés de juger de tels criminels, sont surtout guidés par un fameux adage éloquent à plus d'un titre: «La vérité sort de la bouche d'un enfant.» Cette maxime est vraie, d'autant plus que certains détails ne sont connus que des grandes personnes. On s'en aperçoit à chaque audience, l'enfant traumatisé au moment de raconter l'abominable crime, s'enferme dans un silence déroutant et «parlant» de lui-même. En attendant que l'audience débute par l'annonce de l'instauration du huis clos, par la juge du jour, décidée à en finir avec ce dossier, le père de la victime ayant d'abord refusé d'assister aux débats où le fils est le principal personnage, en compagnie de l'accusé, âgé de trente-neuf ans. Il aurait déclaré, dans un moment de colère mal maitrisée, que si jamais il tombait nez à nez avec S. G., ce monstre de violeur ne sortirait plus de prison. Mais la raison l'a emporté sur la passion et le papa était là, en criminelle, ce jeudi ensoleillé d'un automne qui ne veut plus s'en aller, avec ses fréquents orages de fin d'après-midi. La victime D.K. Neuf ans bientôt, il est né le 6 décembre 20O9 à dix-huit heures quarante-cinq. Le procès tenu à huis clos, mais auquel, avec la bienveillance de la présidente de l'audience, qui a fait jouer la police de l'audience dont elle détient seule l'autorité, nous avions assisté, sous certaines conditions, à savoir que nous taisions les coordonnées de tous les présents de ce moment et même la juridiction où s'est déroulé le procès. Le décor est ainsi fait: le tribunal criminel avec ses trois juges professionnels et les quatre jurés tirés au sort, le procureur général, le greffier, les policiers, les gendarmes qui ont rendu les honneurs pour le coup d'envoi de l'audience et quelques assermentés dont six avocats qui n'avaient rien à voir avec les débats. Après la longue et fastidieuse lecture de l'arrêt de renvoi qui a raconté les faits, la juge qui voulait visiblement terminer au plus vite avec ce pénible dossier, appela l'accusé dont la mine était vraiment défaite, car en détention préventive, il a dû voir et subir des vertes et des pas mûres; les détenus de longues durées n'aimant pas beaucoup les accusés de tels crimes ou encore, les agresseurs de vieillards, les auteurs de coups sur ascendants, sur les épouses, sur les femmes d'une manière générale etc... Malgré la présence de son défenseur, l'accusé était vert de trouille car il a eu tout le temps de mesurer la gravité de son acte puni par l'article 334. (ordonnance n° 75-47 du 17 juin 1975) du Code pénal. Un article de la section VI: «Attentat aux moeurs» qui prévoit la peine d'emprisonnement ferme de cinq ans à dix ans. Il s'agit ici «d'un attentat à la pudeur sans violence. sur un mineur de moins de seize ans.» Le tableau ainsi présenté, il reste que la version saccadée du petit a démonté les gesticulations et démentis de l'accusé qui a fini par demander pardon à Allah, à la victime, au papa, aux juges et aux jurés à qui il a demandé les circonstances atténuantes les plus larges sans préciser pourquoi. Il a même pleuré en même temps que le père qui avait de quoi, lui le père meurtri, le faire. La version de l'abominable accusé qui s'est attardé sur «seulement» les attouchements et nié complètement le viol, confirmé par le certificat médical qui contenait, lui, la pénétration du gland... Affreux! Ignoble! Après le sévère réquisitoire du représentant du ministère public, qui a appuyé sur le champignon et réclamé le maximum de la peine prévue par l'article 334 du Code pénal, le tribunal criminel s'est retiré dans la salle de délibérations où il est resté pas moins de deux heures et en sortir avec l'assommant verdict de dix ans d'emprisonnent ferme.