img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P190401-01.jpg" alt="Tarik Mesli dévoile " On n'est pas des oiseaux"" / Une expo sous forme de work in progress de l'artiste plasticien Tarik Mesli a été présentée cette semaine aux Ateliers sauvages. Intitulé «On n'est pas des oiseaux» ce travail fait référence à cette phrase «On nous a jetés dans la Seine alors qu'on n'est pas des oiseaux!» Une phrase qui peut prêter à sourire et pourtant, elle fait référence à un des témoignages de rescapés de la tragédie du 17 octobre 1961 où des milliers d'Algériens furent réprimés sévèrement après une manifestation pacifique en étant jetés par le colonisateur français dans la Seine à Paris. Inspiré de ce fait divers terrible, Tarik Mesli a mis en scène, sur du papier kraft, un homme en chute vertigineuse, comme l'illustre le vaste champ de blanc immaculé de l'espace de ces images. Décliné sur plusieurs papiers et collé sur le mur dans une disposition non linéaire, le plasticien a voulu traduire la notion de rythme de narration qui peut caractériser peut-être l'envol. Aussi, en vue de réaliser un long métrage ou «film de plasticien», l'artiste a d'abord fait appel à la peinture en inversant le processus de fabrication d'un film. En effet, ici la peinture précède les mots. A l'aide de pigments naturels comme le café et autre pigment classique comme les coques de noix pilées, l'artiste a peint ces hommes couchés dont le corps est noyé dans une peinture diluée, qui s'effacent dans cet envol, tout en étant plus que jamais présents dans cet acte diabolique. Comme un cinéaste, Tarik Mesli a le souci du temps d'où son étirement à l'infini. Ses peintures accrochées de façon non linéaire, nous l'avions souligné récemment, disent l'écoulement du temps, sa dilatation comme pour suggérer un arrêt sur image sur ces hommes. Un sentiment à la fois d'abandon fragile, mais aussi de liberté qui est suggéré. Liberté dans le mouvement, mais aussi dans la création, puisque le travail est loin d'être fini, mais il se poursuivra encore à Berlin, là où l'artiste réside et peut-être ailleurs. Et pour appuyer encore son intention, l'artiste a également présenté une performance aux Ateliers sauvages, jeudi dernier. Le visage camouflé pour dire l'Algérien lambda, jeté dans la scène et en montant sur un échafaud, Tarik Mesli se balancera les mains de part et d'autre enroulées de cordes. Il finit par se jeter dans le vide et tomber sur un amas de cartons... jeté dans le vide comme une quantité négligeable. Puis d'aller inscrire en noir sur blanc sur le mur «on n'est pas des oiseaux». Un symbole fort, une réappropriation artistique de l'histoire, mais un très bel hommage à tous ces disparus de la guerre d'Algérie. Une vidéo aussi servira pour compléter ou accompagner ce travail...