Un cadre de vie agréable Les groupes et les personnes sont en constant mouvement. Emigration interne à la région, au pays et intercontinentale. Mais, l'être humain, sociable, préfère s'établir, demeurer et vivre en groupe. Ainsi, en s'attachant à son groupe, il s'attache au lieu de vie. Celui-ci décide en grande partie de son bonheur comme de son malheur. Si le lieu répond aux normes de sociabilité, l'être humain tend plutôt à vouloir y vivre, mais a contrario, si le lieu ne présente pas les conditions à même d'amener de la quiétude, les gens sont poussés vers la sortie. Le bien-être, le bonheur et l'harmonie de la vie dans les familles, les villages, les villes et les pays dépendent en partie de la qualité du milieu de vie. C'est ainsi que les Algériens, à l'instar des autres peuples, mènent une vie à l'image de leur cadre de vie. Il n'y a pas si longtemps, les gens vivaient en harmonie dans les villages et dans les villes. Les lieux de vie anciens comme les anciennes villes algériennes et les villages kabyles offraient des conditions favorables par leur architecture adaptée à tous les aspects sociologiques et naturels locaux. Dans cet entretien, Omar Belkheir, enseignant de sociologie à l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou évoque avec nous l'importance du lieu sur la qualité de vie des individus et des groupes en mettant le doigt sur les failles contenues dans l'architecture qui a prévalu ces dernières décennies dans nos villes et villages. Une architecture déconnectée des réalités historiques, sociologiques locales et nationales imposée surtout par la nécessaire urbanisation en lien avec l'explosion démographique. Une situation qui a conduit à la défiguration du cadre de vie ancien faisant exploser avec lui un ordre sociologique harmonieux. Aujourd'hui, explique notre interlocuteur, nos jeunes sont enclins à deux phénomènes de violence et d'émigration. Durant des années, casser tout était le moyen d'exprimer sa colère. Si ce moyen de violence contre le milieu n'apporte pas la sérénité recherchée, les jeunes passent à l'étape de la violence contre soi. La harga est le désir indomptable de s'extraire du milieu de vie. En partie, la qualité du milieu de vie fait partie des causes.