Espèce de taghout! Des étudiants non jeûneurs ont été pourchassés et roués de coups par d'autres étudiants extrémistes. L'intolérance religieuse marque toujours de son empreinte sombre notre société. Si elle se manifeste au quotidien durant toute l'année de façon anodine ou pas, elle se fait plus outrancière au cours du mois de Ramadhan. Il arrive ainsi que des personnes dont les agissements n'ont d'égal que leur ignorance, décident de «châtier» ceux qui ont le malheur de ne pas se soumettre à leur «idéologie». L'obscurantisme est d'autant plus néfaste lorsqu'il pénètre le milieu estudiantin. Avant-hier, l'université de Bouzaréah (Alger) a été le théâtre d'une scène aussi violente que choquante. Des étudiants non jeûneurs ont été pourchassés et roués de coups par d'autres étudiants extrémistes. C'est ce que nous montre une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par l'une des victimes. Alors qu'un groupe d'étudiants s'était retiré pour manger vers les coups de 13h et 14h, ils ont été attaqués par une horde enragée, composée de filles et de garçons. On voit d'abord une fille totalement paniquée et en larmes qui raconte les faits, sans comprendre ce qui lui est arrivé. Cette dernière a été griffée au niveau du cou. Quelques secondes après, c'est la cacophonie, un autre étudiant a été lui aussi poursuivi mis à terre et frappé, des personnes ont finalement décidé de s'interposer pour neutraliser les agresseurs dont l'un était muni d'une planche en bois. Les victimes se sont alors défendus en criant qu'elles avaient le droit de ne pas jeûner; «Je suis chrétien» avait lancé l'un d'eux tandis qu'un autre ne voulant pas se justifier avait simplement crié «cela relève de la vie privée des gens, et que c'est là une atteinte aux libertés individuelles». Les extrémistes eux dont des filles qui portaient le voile avaient décidé que manger en plein Ramadhan est «une atteinte à ce mois sacré». Celui qui filmait la scène s'est dit outré d'une telle violence qui plus est dans l'enceinte d'une université! Cela n'est pas faux, car on peut à la rigueur comprendre qu'un comportement pareil soit le propre d'un ignorant, mais comment expliquer ça lorsque c'est un universitaire? Il faut rappeler que ce n'est pas la première fois que ce type d'incident a été enregistré pendant le mois de Ramadhan. Les années précédentes, un nombre important de personnes ont été agressées pour ne pas avoir respecté le jeûne. Cela sans prendre en compte le fait que certaines puissent être atteintes de diabète ou d'une autre maladie chronique, ce qui les rend vulnérables et non aptes à jeûner. Quand on voit de tels actes, on s'interroge sur la question des libertés individuelles en Algérie. Les islamistes essaient de toute évidence de se faire une place de choix dans la société en imposant de manière dévastatrice leur diktat. Ils se déploient massivement au niveau des écoles, où ils ont déjà réussi à semer leur sectarisme religieux, tentant encore et toujours de formater les esprits. Par ailleurs, il est triste de constater que ce type de fait se produise aujourd'hui à l'université, sachant que dans un contexte aussi tendu, des étudiants ne devraient pas s'occuper de choses aussi puériles. Sinon, comment peut-on réfléchir à des solutions pour sortir de la crise et aspirer à un quelconque changement? L'université se doit d'être un lieu de débat, d'échange d'opinions et non un terrain propice à l'intolérance et à la violence.