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Une malédiction algérienne
CYCLE INFERNAL DE CRISES QUI INTERVIENT CHAQUE 20 ANS
Publié dans L'Expression le 16 - 05 - 2019

Le mouvement populaire compte des compétences et de nouvelles énergies
«Le pays a besoin d'une grande lessive jusque dans l'esprit de chaque Algérien et de chaque Algérienne.»
L'Algérie vit, depuis l'indépendance, des tempêtes cycliques et périodiques. Chaque 10 à 20 ans, elle se retrouve livrée à des guerres claniques qui se soldent par des putschs, des liquidations physiques, suivis de guerre civile. 57 après l'indépendance, l'Algérie peine encore à sortir des sentiers infernaux de l'instabilité. Nous voilà de nouveau face à un nouveau cycle qui risque d'être fait de violence et de guerre civile, si la raison ne prend pas le dessus pour dicter sa loi aux décideurs.
Le système est en crise et le peuple est en mouvement. Les rapports de force ne sont plus du côté de la matraque! «Il n'y a pas de crise du côté du peuple. On le voit du côté du pouvoir d'Etat, du côté des gouvernants, une crise profonde», décortique Madjid Bencheikh. Il n'y a plus d'icône ni de militaire ni de civil. Il semble que personne n'est indispensable! Le peuple ne connaît et ne reconnaît plus le système et l'ensemble des corps intermédiaires. «Les partis politiques, disons traditionnels, sont souvent des partis qui ont été au service du système, qui ont pactisé avec le système. Alors, il y a une grande méfiance à l'égard de tels partis et de l'ensemble des autres corps intermédiaires», conclut Bencheikh.
Chérifi dira: «Jetez la Révolution dans la rue, le peuple s'en chargera.»
S'agit-il d'une rupture historique ou de circonstance? Bélaïd Abane répond: «Il n'y a pas de guerre de clans, il y a la fin d'un système. Une fin, d'abord, naturelle et puis physiologique. Cette fin physiologique est aussi valable pour la société civile et politique traditionnelle. Aujourd'hui, il y a le peuple dans la rue et il n'y a pas d'interlocuteur valable, c'est le médecin qui parle». Le mouvement populaire signe aujourd'hui la fin des ordres anciennement établis et la naissance d'une nouvelle conscience nationale. Cette dernière, soutient le politologue, a compris que «le renouveau démocratique et la refondation de l'Etat et de la nation impliquent de rompre avec les mentalités et les pratiques du passé. Cela ne pourra se faire sans le sabordage de toutes ces vieilleries institutionnelles (Conseil de la nation...), politiques et syndicales et sans la mise à l' écart de tous ces hommes qui ont fait les beaux jours d'un système que le mouvement populaire rejette dans sa globalité. Et surtout dans ce qu'il recèle de plus pernicieux: ces forces profondes incontrôlées incompatibles avec la moindre tentative d'assainissement de la vie politique nationale. Assurément, le pays a besoin d'une grande lessive jusque dans l'esprit de chaque Algérien et de chaque Algérienne».
Mais que faire face à cette situation où le peuple semble avoir dépassé les partis politiques en termes d'organisation, de pacifisme, de tactique politique? C'est une révolution sans aucune direction politique organisée. Empruntant la célèbre expression de Ben M'hidi, Mohand Amokrane Chérifi dira: «Jetez la Révolution dans la rue, le peuple s'en chargera.» Et d'ajouter: «Aujourd'hui, le peuple vient de marquer un tournant historique, une rupture avec les précédentes luttes conduites par l'ensemble des générations post-indépendantes. On a l'impression qu'on est exactement dans la même situation que celle où se sont retrouvés nos aïeux en 1954. Ils ont rompu avec toutes les anciennes formes organisationnelles de luttes, politique ou autre, pour se fondre dans un seul Front de Libération nationale, auxquelles elles ont adhéré en tant que militant, individu, mais pas en acteur politique».
Il faut dire, en effet, qu'il est impossible de ne pas voir cette analogie que font les Algériens entre le soulèvement du Premier novembre 1954 contre le colonialisme français et celui du 22 février 2019 contre le système et son personnel qui s'est construit depuis l'indépendance. Après la naissance du Front de Libération nationale, en 1954, toutes les formations politiques traditionnelles ont fini par se fondre dans ses rangs. Communistes, assimilationnistes, PPA-MTLD, Oulémas par la suite avaient rejoint le FLN individuellement même s'il y a eu le MNA qui avait dérapé. Il faut rappeler, à cet effet, que Ferhat Abas, fondateur de l'Udma, qui, pourtant prônait l'émancipation de l'Algérie sans une rupture d'avec la France, a dissout son parti et adhéré au mouvement d'ensemble, celui du peuple algérien, et devient ensuite le premier président provisoire du gouvernement algérien (GPRA).
«Ce mouvement donnera naissance à une nouvelle reconfiguration politique.
Ce qui se passe aujourd'hui en Algérie avec le mouvement populaire ne diffère pas de ce qui s'est passé il y a 57 ans. Aujourd'hui, le peuple mène sa révolution, une révolution pacifique et radicale. Elle est surtout globale et unitaire. Le peuple avait mûri sa conscience politique et s'est fixé ses objectifs, il ne veut plus être représenté par tel ou tel. Clair et déterminé: «Système dégage.» Au regard de sa manière de le faire, il faut le dire, il n'a pas à être jaloux de ses aînés du 1er-Novembre 1954. Pour Mohand Amokrane Chérifi «ce mouvement donnera naissance à une nouvelle reconfiguration politique. A partir de cet immense mouvement, sortiront plus tard des formations et des sensibilités politiques qui seront tout à fait nouvelles.» Plus explicite sur cette reconfiguration, il rajoute: «Cela ne signifie pas que les militants et acteurs politiques d'aujourd'hui ne seront pas à l'intérieur. Au contraire, ils seront l'avant-garde de la reconstruction des entités de la reconfiguration politique. Et c'est pourquoi aussi, toutes les anciennes entités politiques doivent se renouveler avec des nouveaux objectifs, sans forcément changer de sigle». Le Mouvement national, né au début des années 20, a pris des décennies pour mûrir sa révolution et arracher son indépendance. Il en est de même aujourd'hui pour le mouvement du peuple pour le changement de régime, qui est une véritable révolution qui accouchera d'un renouveau politique d'ensemble.
«Si Hocine Ait Ahmed était encore de ce monde, qu'est-ce qu'il aurait dit et qu'est-ce qu'il aurait fait? Moi, le connaissant parfaitement, j'en suis convaincu qu'il nous aurait dit: «Nous avons accompli notre mission, nous avons donné une conscience politique à notre peuple, maintenant, il s'est autodéterminé et il a fixé ses objectifs.» Au parti, Ait Ahmed nous aurait réunis pour nous dire:
«Maintenant, la mission historique du FFS est prise en charge par la rue, ce n'est plus une mission du FFS, c'est au peuple maintenant de prendre son destin en main», assure Mohand Amokrane Chérifi.
Le mouvement populaire compte, en effet, des compétences, de nouvelles énergies, qui portent de nouveaux objectifs, une nouvelle philosophie nationale, conscient des jeux et des enjeux qui menacent sa marche vers le progrès. Dans sa quête d'espace d'expression et de liberté, guidé qu'il était par les partis qui avaient mené cette bataille seuls et sans troupes, face aux décideurs, le peuple se retrouve aujourd'hui comme l'unique acteur de la scène politique. C'est l'histoire de l'Algérie qui se joue à un moment où les organisations politiques sont tragiquement désarmées par tant d'années de fermeture de tous les champs d'expression. Leur état actuel ne les condamne-t-il pas à mourir pour mieux se régénérer et jouer le véritable rôle d'avant-garde?
Ou auront-ils la sagesse et la raison de jouer le rôle que l'Histoire leur propose de jouer?
«Aujourd'hui, il y a des acteurs extrêmement importants dans le mouvement. C'est un phénomène extraordinaire. C'est pour cela que tous les partis politiques doivent se fondre dans le mouvement et agir de l'intérieur, mais pas de l'extérieur. Toute initiative individuelle ou d'appareil qui viendrait de l'extérieur ne serait et ne ferait que gêner le mouvement car elle ne lui rapportera rien de substantiel. Normalement, toutes les structures politiques doivent se fondre dans un Front républicain et trouver ce qu'il faut faire pour accompagner ce mouvement du peuple dans les meilleures conditions possibles. Et accompagner ce mouvement ne veut pas dire «apparaître», car le mouvement du peuple est un mouvement d'ensemble. Si une partie, un individu, un collectif, un groupe, un appareil, un parti veut réellement soutenir et aider ce mouvement du peuple, il n'a qu'à s'y fondre. Ils ne peuvent pas se superposer au mouvement», explique Mohand Amokrane Chérifi.
Le sort de cette déferlante historique, qui doit changer fondamentalement le paysage et l'avenir de l'Algérie pour le faire accéder au progrès humain ou sombrer dans le chaos, est entre les mains des décideurs, les militaires en l'occurrence, dont l'état d'esprit est aussi impénétrable que les Voies du Seigneur. Agiront-ils avec calculs et malice comme ceux de 1992 qui avaient mis le pays à feu et à sang? Ou auront-ils la sagesse et la raison de jouer le rôle que l'Histoire leur propose de jouer? C'est de cette institution que les solutions au blocage actuel viendront. «L'époque de la doctrine janviériste («si ce n'est pas nous c'est le chaos») est révolue. Les généraux qui l'ont portée avec un esprit de junte ont d'abord été laminés par la machine infernale du système Bouteflika avant d'être rattrapés par la physiologie (l'âge et la mort) ou par la justice. Reste une institution contrainte au rajeunissement et à la modernisation accélérée. Aussi il y a fort à parier que le Haut Commandement actuel cédera sa place à une nouvelle génération Dès que le climat redeviendra sain et que sera écartée toute menace sur l'unité et la cohésion de l'armée. C'est un impératif d'efficacité et de modernité et une garantie pour le renouveau démocratique», explique Bélaïd Abane.


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