Un parti qui n'est déjà plus que l'ombre de lui-même L'appel pathétique adressé au fils prodigue que fut Youssef Chahed, lui aussi victime de la montée en puissance de HCE dans le parti présidentiel, montre dans toute sa dramaturgie le cas de conscience qui se pose au chef de l'Etat. Il reste quatre mois, tout au plus, à Nidaa Tounes, le parti du président Béji Caïd Essebsi pour se préparer au rendez-vous législatif du 6 octobre prochain, suivi presque un mois jour pour jour par la présidentielle qui aura lieu le 17 novembre prochain. Mais les péripéties qu'affronte la formation néo-destourienne depuis plus de deux ans maintenant n'augurent rien de bon si l'on considère ce qui s'est passé en avril dernier, lors du déroulement du congrès auquel BCA tenait particulièrement, dans l'espoir de mettre fin à la crise qui mine un parti qu'il a fondé en 2012, avec l'élection transparente d'un chef de file capable de conduire à bon port le comité central. Peine perdue, l'air de Sfax n'aura pas été plus bénéfique que celui de Tunis puisqu'après des jours de tractations, c'est Hafedh Caïd Essebsi, fils du chef de l'Etat, qui est porté à ce poste par les congressistes scindés en deux clans de sorte que l'autre Nidaa a choisi quant à lui de nommer Sofiène Toubal, député et chef du bloc parlementaire du parti, à la tête du comité central concurrent. Les ambitions à peine masquées de HCE ont été telles que bon nombre des compagnons du président ont dû jeter l'éponge, certains se résignant à attendre des jours meilleurs tandis que d'autres, comme Mohsen Marzouk, à ne pas confondre avec Moncef Marzouki, ont simplement créé leur propre parti. Le 23 avril dernier, la démission de la municipalité du Bardo, un quartier important de la capitale tunisienne, en rupture de ban avec la maire proche de Ennahdha, Zeineb Ben Hassine, a vu deux listes rivales prétendre à la composition du prochain conseil. Sauf que les deux portaient le fanion de Nidaa Tounes et se contestaient réciproquement, de sorte que la présidente de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) Hasna Ben Slimane s'est déchargée de l'affaire auprès de la justice, vu que le service des affaires politiques était incapable de trancher un tel dilemme et que la loi interdit à deux formations rivales de porter la même casquette. «C'est un conflit judiciaire qui relève des compétences des tribunaux», a sobrement conclu Mme Ben Slimane. Ce différend illustre bien l'ampleur des dégâts qui rongent depuis des mois le parti du président Béji Caïd Essebsi dont le moins qu'on puisse dire est qu'il semble totalement incapable de trancher dans le vif pour sauver ce qui peut l'être. Il faut dire que le drame est réellement cornélien, dés lors qu'il a indiqué, voici environ un mois, qu'il ne compte pas se représenter à la prochaine présidentielle, ouvrant la porte aux scènes de ménage qui vont se poursuivre en s'aggravant au fur et à mesure que la candidature de Hafedh caïd Essebsi se fera de plus en plus pressante. L'appel pathétique adressé au fils prodigue que fut Youssef Chahed, lui aussi victime de la montée en puissance de HCE dans le parti présidentiel, montre dans toute sa dramaturgie le cas de conscience qui se pose au chef de l'Etat. Chahed n'a pas répondu en regagnant la maison mère et ses toutes dernières initiatives contre la chaîne de télévision Nessma ne font que confirmer son intention de briguer le mandat de novembre au nom du parti créé de toutes pièces pour le servir, Tahya Tounès. Un nom qui était dans la balance en 2012 lorsque BCE devait créer la formation qui le porterait jusqu'à Carthage et qui, en fin de compte, ne fut pas préféré à celui de Nidaa Tounes! Un choix facile à comprendre quand on observe les profondes scissions qui n'en finissent pas d'emporter le parti vainqueur de la présidentielle en 2014, sans doute à la grande satisfaction de son allié Ennahdha devenue, entre-temps, la première formation politique du pays.