Le chef d'état-major de l'Anp L'Algérie a ses propres spécificités, sa propre histoire et sa révolution ne sera qu'algérienne. Une réponse, une mise au point et une clarification. Le général de corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah a levé toutes les équivoques quant au rôle de l'armée dans la gestion de la crise actuelle. «Que tout le monde sache que nous nous sommes engagés à maintes reprises et en toute clarté que nous n'avons aucune ambition politique mis à part servir notre pays conformément à nos missions constitutionnelles et le voir prospère et en sécurité. Telle est notre ultime finalité», a tranché hier, le chef d'état-major de l'armée à partir de Ouargla coupant ainsi court avec les rumeurs, insistantes depuis ces dernières semaines, lui prêtant l'ambition de vouloir briguer la magistrature suprême. Ses intentions étant ainsi clairement exprimées, Gaïd Salah prend l'opinion publique à témoin et neutralise par la même ses détracteurs qui l'accusent de sauver le système, de pousser au pourrissement de la situation et de vouloir prendre le pouvoir à la manière de l'armée égyptienne. S'exprimant devant les cadres de la 4ème Région militaire à Ouargla, le général de corps d'armée a réitéré, «son engagement personnel auquel il ne renoncera jamais, à accompagner le peuple algérien, de manière rationnelle, sincère et franche, dans ses marches pacifiques et matures, ainsi que les efforts des institutions de l'Etat et de l'appareil de justice». Y a -t-il une incompréhension de la part de l'opinion quant à la position de l'institution militaire dans cette crise? L'insistance de Gaïd Salah à vouloir organiser une élection présidentielle contre vents et marées est en effet très mal perçue par les citoyens qui rejettent massivement cette échéance fixée au 4 juillet prochain. C'est ce qui a donné lieu à moult interprétations allant faire croire que le patron de l'armée se verrait contraint de décréter l'état d'exception et de prendre les choses en main face au rejet massif de la présidentielle. C'est ce qui explique ces slogans hostiles au chef d'état-major, brandis lors des manifestations ces deux derniers vendredis l'accusant de mener une contre-révolution. Le raisonnement par analogie est un critère de fonctionnement dans le système politique algérien. Ce raisonnement a été sciemment développé dès le début du Hirak par les ténors du système, dont Ahmed Ouyahia, qui a agité la menace d'évolutions du type «syrien» ou «libyen». C'est avec ce même raisonnement qu'on a fait un procès d'intention au commandement militaire l'accusant de «sissisation» de l'Algérie. Or, comme il a été prouvé que l'Algérie n'est ni la Syrie ni la Libye, elle n'est pas non plus l'Egypte. L'Algérie a ses propres spécificités, sa propre histoire et sa révolution ne sera qu'algérienne. Sur le plan géostratégique, social et économique, le contexte algérien diffère de celui de l'Egypte Certes, il y a une omniprésence de l'armée dans le paysage politique. Mais pour de nombreux observateurs, cela «n'a rien de normal, quoi qu'elle ne fasse que mettre en relief la vacuité de la classe politique actuelle». Face au vide politique sidéral, l'institution militaire a été projetée au-devant de la scène. Elle est la seule force capable d'éviter au pays de sombrer dans le chaos, de décourager toute tentative d'ingérence extérieure et de jouer le rôle d'accompagnateur pour la mise en place d'un système politique légitime et démocratique. Dans cette tâche, elle s'expose dangereusement aux coups. Et pour éviter l'accusation d'une armée de pronunciamiento, elle refuse de sortir des clous en s'abritant derrière le bouclier de la Constitution. «C'est là un engagement solennel auquel je ne renoncerai jamais, par respect à la Constitution et aux lois républicaines, à l'instar de ce serment que j'ai pris devant les chouhada de la glorieuse Révolution de Libération, ces braves qui ont suivi la voie juste et sont tombés en martyrs pour elle», a tranché hier, le chef d'état-major dans son discours. Les dizaines, voire les centaines de propositions de sortie de crise, et autres feuilles de route n'arrivent toujours pas à créer le consensus populaire permettant de dépasser la crise. Encore que la validité de ces «remèdes» reste du domaine théorique et l'effet ne peut être prouvé qu'une fois appliqués. Avons-nous le droit encore une fois à l'erreur dans cette phase cruciale où le temps nous est compté?