La guerre de Libération nationale reste l'une des sources d'inspiration les plus intarissables pour les écrivains algériens, toutes générations confondues. Ces derniers continuent inlassablement d'y puiser la matière pour écrire leurs romans et leurs essais. Même les écrivains qui sont nés après l'indépendance de l'Algérie sont marqués d'une manière ou d'une autre par la révolution de Libération nationale qui a été à la fois héroïque pour le peuple algérien, mais également tragique et douloureuse. Les stigmates de cette guerre de sept ans sont demeurés vivaces dans l'esprit de tous les Algériens ayant eu à la vivre directement mais aussi, ils ont été transmis aux futures générations par la mémoire collective. Le livre que vient d'éditer l'écrivain Belaid Boukemche s'inscrit dans cette veine. Il s'agit de «Baya», un récit qui raconte le destin tragique d'une femme kabyle pendant la guerre d'indépendance. Le livre paru aux éditions Atfalouna d'Alger, revêt une spécificité qui mérite d'être signalée: l'ouvrage en question a été publié dans une double version française et amazighe dans le même volume. Le livre de Belaïd Boukemche a fait l'objet d'une excellente traduction réalisée par l'archéologue Hamid Bilek, ancien cadre au Haut Commissariat à l'amazighité, conférencier et auteur de nombreux livres en tamazight. Le lecteur pourra donc, au choix, lire la version francophone en première partie ou opter pour la version amazighe en seconde partie, ou encore les deux à la fois. L'histoire de Baya s'enchevêtre avec celle de sa mère Fatma née au milieu des années 30 dans un village du Djurdjura, en Kabylie. La première grande épreuve qu'a eu à connaître Fatma a été l'épidémie de typhus qui avait fait ravage à l'époque emportant une grande partie des membres de sa famille dont ses deux grands-parents et d'autres proches. Ce qui plongea Fatma dans le deuil et l'incertitude face à une vie et à un avenir qui seront d'ailleurs des plus pénibles pour elle. La suite est une succession d'épreuves toutes aussi rudes les unes que les autres. Aux affres de la guerre et de la misère s'ajoutent la pression sociale, la condition de la femme, l'exil et tant d'autres aléas d'une vie des plus tragiques. L'implication de Fatma dans la guerre d'Algérie et dans la lutte pour l'indépendance rajoutera une couche à ses souffrances puisqu'elle connaîtra aussi la prison et la torture pour avoir collaboré avec les maquisards de l'ALN (Armée de Libération nationale). Le livre de Belaïd Boukemche est très dense. Il y est question aussi bien de la vie sociale en Kabylie, de la lutte des Algériennes et des Algériens pour leur indépendance, mais aussi des illusions perdues. «Baya» est un récit qui se lit d'une traite et l'auteur est vraiment doué pour livrer encore d'autres récits et romans à ses lecteurs qui voudront encore en lire davantage de la part de cette plume qui signe ici son premier livre. Notons enfin que l'écrivain Belaïd Boukemche est né en 1973 à Ait Ali Ouali près d'Ath Douala.