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La mendicité se professionnalise
BOUIRA
Publié dans L'Expression le 02 - 06 - 2019


Certains sont réellement dans le besoin
Plus de la moitié du mois sacré de Ramadhan, s'est écoulée, l'heure est au premier bilan. Le constat unanime reste que «le mois sacré perd chaque année de son charme et de sa verve». Les valeurs et les enseignements à tirer de ce mois de piété ont laissé place à une course au gain, à l'escroquerie, au profit...parce que c'est le mois de la surconsommation. Les intermédiaires et autres commerçants véreux n'ont pas attendu le début du mois de Ramadhan pour revoir à la hausse les prix de tous les produits à forte consommation en ce mois de bouffe. La série des prix produits revus à la hausse s'allonge d'année en année et de jour en jour.
La pomme de terre, le haricot vert, la salade, le poivron, le piment... ont tous vu leurs prix revus à la hausse. Même tempo du côté des boucheries. Les abats de volaille aussi ont connu une révision du prix puisqu'ils coûtent désormais 750 DA le kilo. Les viandes rouges ne sont pas restées en marge. La viande d'importation qui, l'année dernière se vendait à 800 DA le kg, coûte cette année 1100 DA. Même le produit local, plus prisé pour ses valeurs nutritives a vu son prix sensiblement hissé atteignant les 1300 à 1600 DA pour la viande sans os. La viande annoncée à 600 DA n'a pas encore envahi les étals. Les boucheries de Bouira proposent la viande rouge, les quartiers les plus modestes à 1400 DA le kg pour l'ovin. L'alternative pour les faibles bourses demeure la viande blanche. Le poulet était cédé à 250 DA/kg dans une région qui reste l'une des trois plus importantes productrices du pays. Pour la viande hachée, bon nombre se rabattent sur le congelé puisque la viande rouge au hachoir reste le domaine exclusif des plus riches. Ces derniers jours, les étals des poissonniers regorgent de thon rouge, cédé entre 900 DA à Lakhdaria et 1200 DA à Bouira. Cette différence est l'effet du monopole. Les services du contrôle relevant de la direction du commerce restent absents ou discrets quand les commerçants dictent leur loi et vendent comme ils veulent.
L'informel et la mendicité
L'inexistence d'un marché de gros, la liberté des prix et le diktat des intermédiaires, les marchés de proximité qui tardent à naître restent trois facteurs à l'origine de l'anarchie qui règne sur les marchés. Le mois sacré qui reste celui de la consommation excessive est appréhendé surtout à travers les augmentations des prix ont touché à tous les produits. Les fruits et légumes, les viandes, les habits, les confiseries, l'électroménager, la maroquinerie... Si pour les fruits et légumes, le mois sacré reste l'unique raison de la révision à la hausse, pour les autres produits, c'est la venue en masse de nos ressortissants installés outre-mer. Quand on connaît les taux de reconversion de l'euro sur le marché parallèle et la énième dévaluation de notre monnaie nationale, on devine facilement pourquoi nos émigrés n'hésitent pas à débourser, à faire les emplettes avant le retour. Les produits les plus prisés restent l'outillage électronique, les produits traditionnels, les bijoux.... Ces augmentations cycliques sont un réel imbroglio pour le consommateur qui reste le seul à subir le diktat d'un marché incontrôlable et d'une anarchie privilégiée par l'absence de l'Etat.
Les produits prisés et hautement demandés en ce mois de jeûne, comme le raisin sec, les pruneaux, les amendes, l'abricot sec... ont aussi subi un lifting. Le kilo de raisin cédé l'année dernière à 350 DA, il y a deux mois, coûte désormais entre 700 et 800 DA selon la qualité. Le prix des viandes aussi a connu une nette augmentation. Qu'elle soit ovine, bovine ou blanche, la matière a vu les étiquettes prendre des allures vertigineuses. Le kilo d'agneau est à 1400 DA quand la viande bovine coûte plus de 900 DA. Le poulet stagne à 240 DA/kg. Au début de la deuxième semaine, les étals ont connu une légère accalmie. Parce que les gens n'achètent plus ou sont très prudents quant à la quantité, les prix ont connu une baisse, notamment les légumes et fruits difficiles à préserver à l'approche des grosses chaleurs.
Les Algériens et Algériennes sont créatifs. L'affirmation paraît désuète au vu de la mal-vie qui ronge notre jeunesse. Certains n'ont jamais accepté la fatalité. Des métiers temporaires pullulent. Ainsi et à chaque Ramadhan, les villes, du moins les principales, grouillent de monde. Les marchés informels reviennent en force et les trottoirs sont squattés sous l'oeil passif des responsables qui laissent faire. A Bouira, les lieux les plus fréquentés, de jour comme de nuit, sont envahis par des commerçants conjoncturels. Les vendeurs de galette, de diouls, de kalb Ellouz, de beignets... et toute sorte de gâteau-maison se multiplient. Devant la passivité des autorités, certains ont alors élargi les étals pour complètement occuper les passages comme c'est le cas autour des mosquées et des marchés de la ville de Bouira. L'autre phénomène nouveau reste l'âge des vendeurs. Des petits enfants installent une caisse à légumes et vendent de la galette maison. Ces vendeurs savent à peine compter et rendre la monnaie, une autre preuve de l'échec de l'école algérienne. Une autre activité bat son plein. La mendicité prend des proportions alarmantes. L'arrivée en force des populations subsahariennes qui fuient l'insécurité, mais aussi le grand nombre de familles syriennes qui sont venues s'installer en Algérie ont sensiblement augmenté le nombre de mendiants. Si certains sont réellement dans le besoin, d'autres et particulièrement des Algériens, abusent de la sensibilité de leur semblable pour gagner facilement de l'argent. Des réseaux entiers existent et gèrent le phénomène. Aussi, il n'est pas du tout étonnant d'entendre, ça et là, la découverte d'un trésor sous la tête d'une pauvre ou d'un pauvre défunt. Les familles syriennes sont dans leur majorité des groupes bien nantis. «Nous avons dépensé notre argent dans les locations croyant que le conflit ne pouvait pas dépasser les six mois. «Pris au piège causé par la durée de la guerre, nous sommes réduits à quémander. On ne le fait pas avec plaisir» nous confiera un réfugié qui s'est installé à Bouira où il compte de la famille. Tout dernièrement, un groupe de jeunes filles proposent de nettoyer les cages d'escaliers moyennant 50 DA par habitant. Cette idée ingénieuse trouve son essor, surtout que les propriétés collectives jadis entretenues par l'Opgi sont délaissées et la propreté n'est plus une priorité. S'agissant toujours de ces «bonnes» idées, un restaurateur propose des repas chauds aux enfants des couples travailleurs. Le jeune qui a ouvert son local dans le cadre d'un projet Ansej, nourrit les enfants à midi en leur offrant des repas consistants contre un abonnement mensuel. Les parents trouvent l'idée très intéressante. Certains qui viennent des alentours proposent par exemple des framboises sauvages, du miel de forêt...
L'autre phénomène qui prend des proportions en ce mois sacré reste la mendicité. Un moyen de subsistance pour certains, une fonction pour d'autres, quémander se fait des ailes en ce mois. Les techniques les plus ingénieuses sont utilisées pour soustraire quelques dinars aux passants. Le recours aux petits enfants, la technique du voyageur resté en panne, du malade qui n'a pas de quoi payer son traitement, de celui qui vous connaît ou croit vous connaître et qui a grand besoin de 200 DA pour acheter sa pompe d'asthme...la nouveauté dans ces pratiques est celle utilisée par certaines personnes. La technique consiste à poser un petit CV sur chaque table d'un café, sans mot dire puis revenir quelques minutes après pour reprendre les bouts de papier avec les pièces posées dessus. Tout le monde aura aussi remarqué la forte présence des Subsahariens jusque-là planqués dans les villages situés sur l'axe de la RN5 et qui ont rejoint le chef-lieu à la faveur de l'ouverture des restaurants errahma et à l'animation intense autour des mosquées en ce mois de piété. La difficulté demeure l'âge de plus en plus jeune de ses bandes de mendiants qui, quelquefois, deviennent un danger pour des enfants algériens qui les taquinent inconsciemment.
Les Subsahariens et les tziganes locaux...
Récemment et à la stupeur générale, un père de famille a agressé méchamment une fillette clandestine qui aurait frappé son enfant, selon lui. Les présents ont unanimement condamné ce geste et remis l'intéressé à sa place. La mendicité est une activité professionnelle pour nos «tziganes» locaux, plus communément désignés par «B'ni Addés». Plusieurs familles venues de l'ouest du pays, wilaya de Relizane plus précisément au regard des immatriculations de leurs voitures, ont élu domicile aux abords de l'oued Hous, dans des tentes de fortune et une saleté sans égal, au milieu des eaux usées, sous le regard complaisant des autorités qui ont pu constater de visu cette situation lors des opérations de recherche du défunt pompier Achour Mohamed. Les femmes et les jeunes filles font les portes des mosquées toute la journée. Le mec, souvent proxénète, lui, coule une vie douce en percevant la recette le soir pour ensuite partir dépenser son butin ailleurs dans les bars et cabarets du littoral. Pour les plus initiés, dans ces sectes, le trafic sous toutes ses formes existe. Ces spécialistes de la vie facile n'hésitent devant rien pour vous soutirer quelques sous. On parle même de réseau de prostitution dûment organisé dans ces milieux. Les filles qui, la journée, se couvrent de hidjabs pour vous prier de les aider, mettent leurs fuseaux collants avant d'aller danser, jouer aux allumeuses le soir dans les lieux huppés du bord de mer. Une troisième catégorie de mendiants prend de l'ampleur. Quand vous êtes dans un cabinet médical, attendant votre tour, viendra vous voir une dame ou un monsieur avec une ordonnance et vous demandera de l'aider à payer des analyses ou à acheter un médicament. Le problème est que cette même personne passe quotidiennement dans la totalité des cabinets médicaux pour le même motif. Certaines poussent le bouchon jusqu'à l'extrême. Elles se font accompagner par des enfants qu'ils utilisent comme pièce à conviction.
«Kafil el yatime», «talaba't el ihsane»... des associations actives
Pour leur venir en aide, il ne faut plus donner de l'argent à ceux qui ne méritent pas. Il faut surtout adhérer aux associations caritatives qui font un excellent travail sur ce plan. Bien avant le Ramadhan, ces associations ont mené un long travail de collecte de denrées alimentaires qu'elles ont distribuées aux plus méritants. Avant l'Aïd, ces associations ont besoin de nous tous. L'ambiance particulière du Ramadhan à Bouira c'est aussi et surtout le centre de l'ancienne ville. Les rues antiques comme la rue de France, la rue Chaid, Ben Abdallah... grouillent quotidiennement de monde. Les lieux ressemblent à ces marchés à la criée d'antan. L'ambiance est parfois «chauffée» puisque de temps à autre les gens séparent des jeunes qui recourent aux poing pour histoire d'espace. Conscients qu'il y a encore d'autres dépenses à consentir dès la fin du mois sacré, avec l'Aïd, la rentrée scolaire et sociale, les Bouiris s'apprêtent à jeûner une deuxième quinzaine en appuyant sur le frein des dépenses.


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