Même si on est loin de la participation record des 10ème et 11ème marches où ils étaient plus de 150 000 participants, et pour le 16ème vendredi depuis le 22 février, Bouira était au rendez-vous dans une déferlante de plus de un kilomètre. Pour ce premier jour de repos après la dure épreuve du Ramadhan et ses aléas, la foule était importante au départ depuis la placette de la Concorde sur le désormais circuit qui mène vers la sortie nord de la ville et le retour devant le siège de la wilaya. Malgré la lourdeur du temps, avec une chaleur suffocante, des familles entières sont sorties réclamer le changement. Adaptant les slogans aux décisions prises depuis le départ du président démissionnaire, les marcheurs continuent à exiger la dissolution du gouvernement Bedoui, le départ sans condition du chef de l'Etat et le recours à une phase de transition vers une IIe République sans le premier responsable militaire de l'heure. «Le report pour la seconde fois de l'élection présidentielle est une preuve que les décideurs sont dans une situation de panique face à la détermination de la rue», commente un marcheur. Comparativement aux processions organisées pendant le mois sacré, la marche d'hier a vu le retour de ces jeunes qui saisissent l'occasion pour donner à l'évènement un caractère festif et où les couleurs des clubs de football dominent et envahissent le décor. Malgré cette ambiance de stade, les plus âgés remettent de l'ordre en criant des revendications plus «sérieuses». Les slogans les plus prisés concernent le départ du système. Ils ont été les plus en vue tout au long de la marche aux côtés des slogans traditionnels de la région «Ulac smah ulac», «yen a marre de ce pouvoir» est venu s'implanter le refus du FLN et du RND au passage devant les sièges de ces deux partis. Commentant le dernier discours adressé à la nation par le chef de l'Etat, beaucoup considère cet appel comme un non-évènement. «Il ne répond pas aux aspirations du peuple. Le chef de l'Etat parle à un peuple qui le rejette. La déontologie aurait voulu qu'il quitte et qu'il cède sa place à un conseil choisi par le Hirak sous le contrôle et la garantie de l'ANP, qu'il dissout le gouvernement illégitime de Bedoui, qu'il installe une commission indépendante des élections... voilà ce que veut la rue et non des dissertations fleuves qui gardent la situation dans son état embryonnaire», commente un responsable d'un parti de l'opposition. .