Alger, 1956. Fernand Iveton, 30 ans, ouvrier indépendantiste et idéaliste, est arrêté pour avoir déposé une bombe dans un local désaffecté de son usine. Il n'a tué ni blessé personne, mais risque pourtant, la peine capitale. La vie d'Hélène, devenue la femme d'un «traître», bascule. Elle refuse d'abandonner Fernand à son sort. «Adapté d'une histoire vraie, le film est une plongée à rebours au coeur de leurs souvenirs, une histoire d'amour et d'engagement brisée par la raison d'Etat.». Un film d'amour avant tout, de dignité et de sacrifice. Voila pourquoi il ne peut que toucher l'âme humaine. Et cela n'a pas raté puisque certains sont sortis les larmes pleins les yeux, suite à sa projection samedi dernier, à l'Institut français d'Alger. Un film épique et romantique à souhait où comment la passion d'un couple va épouser une cause politique et en faire une force, d'abord pour le communisme dont chacun possède une vision propre, puis pour la libération de l'Algérie du joug colonial. Des acteurs formidables De la naïveté attendrissante aussi pour cette femme vers son époux comme lui pour sa terre natale, quand il clamera son innocence, arguant qu'il ne voulait tuer personne, alors que pour les yeux des autres il était déjà jugé coupable de trahison juste parce qu'il n'était pas du camp de l'Algérie française, ce qui était à leurs yeux, pire qu'un crime envers l'homme, de lèse-majesté envers la nation. Fernand Iveton le payera cher. Il sera condamné à la peine de mort et guillotiné pour qu'il serve quasiment de leçon alors qu'il avait juste «tenté» de faire exploser un local désaffecté de l'usine où il travaillait. Une sentence lourde de sens en temps de guerre...Un film bouleversant d'émotion, où les acteurs crèvent l'écran, où les corps et les regards parlent et ont cette importance pour dire plus que jamais l'importance de l'instant T. Celui de dire la vie, la passion à la fois destructrice et salvatrice aussi, celle de se donner à l'Autre à n'importe quel prix. Pour l'homme qu'on aime d'abord et ses idéaux. Des convictions inébranlables chez ce militant qui témoigne du parfait modèle du résistant fusse t-il targué de failles et de faiblesses. Le film met en scène des Algériens et des Français mêlés qui cohabitent. Tragédie romanesque Un Français alias Fernand Iveton, alias Vincent Lacoste rencontre dans un bar, lors d'un bal à Paris, la douce Helene campée par Vicky Krieps qui vit seule avec son fils. Elle décide de l'épouser et de le suivre en Algérie. Lorsque les choses se corsent pour son mari, elle renvoie son fils en France et décide de rester auprès de son mari et le soutenir, jusqu'à la fin... Parmi leurs amis, il y a ce couple composé d'un Français et puis d'une Algérienne, interprétée par Meriem Medjkane. Malgré les apparences tranquilles de leur mixité affichée, rien n'est bien facile pour eux pour autant et son mari finit par être tué...les convictions des uns et des autres restent intactes. La guerre pour la liberté de l'Algérie est en marche...Le film accroche par sa mise en scène composée de flashbacks qui nous renvoient vers les moments importants de cette histoire, partagés entre vie intime, dialogues de combat et d'arrestation, que ce soit en prison ou face au juge..Les mots parfois romancés ajoutent du sel à ce film dont l'image léchée des acteurs ne fait qu'insuffler poésie et sensualité à un récit qui se veut historique pourtant, mais si allégé par une remarquable mise en abyme et une si belle mise en scène, qui accroche profondément l'attention du spectateur. Un très beau film en soi. Romancé par certains aspects, ce qui ne fait que rehausser renforcera son aura encore plus cinématographique.. À rappeler que le film est adapté du roman «De nos frères blessés» de Joseph Andras, qui devait faire l'objet d'une rencontre littéraire hier, à l'IFA. Réalisé par Hélier Cisterne, ce drame sorti en 2020, a ému plus d'un dans la salle. Sa fin tragique est d'autant plus palpable que l'on ressente doublement la douleur de cette femme pour son mari, en oubliant presque la fin injuste de cet homme devenu martyr malgré lui... Un homme d'une droiture rare et une loyauté, par contre irréprochable, qui a toujours eu la foi pour la cause algérienne et qui ne pouvait continuer à vivre sans rester les bras croisés...