Une brusque succession d'événements sécuritaires au Sahel placent une nouvelle fois cette région sous les feux de l'actualité internationale, même si les puissances étrangères ont toujours gardé un oeil vigilant sur cette partie sensible du continent africain. Un coup d'Etat au Mali, en août 2020 renverse le président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013, des heurts meurtriers après l'annonce des résultats de la présidentielle au Niger, le 24 février dernier, les attaques terroristes sanglantes dans la région, l'assassinat, à Bamako, le 13 avril dernier, de Sidi Brahim Ould Sidati, membre du Mouvement arabe de l'Azawad et ancien chef rebelle du Nord du Mali, suivi par la mort au combat, il y a cinq jours, du président tchadien Idriss Déby sont autant d'évènements qui sont loin de préfigurer une paix durable au Sahel. Il faut s'attendre à ce que les organisations terroristes redoublent de férocité après la mort d'Idris Déby. Désormais affaiblie par la perte de son chef, limitée par ses capacités opérationnelles, l'armée tchadienne très engagée dans la lutte contre les différents groupes terroristes armés subira encore d'autres pertes face aux djihadistes revigorés. Depuis ces quatre dernières années, il y a une montée en puissance des actions terroristes au Sahel. Ces opérations meurtrières sont l'oeuvre de trois organisations terroristes: la katiba Macina, au centre du Mali; Ansarul Islam, centré au nord du Burkina Faso et l'Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Ce climat de tension place l'Algérie face à de grands défis et enjeux sécuritaires. Elle subit, en plus de pressions socio-économiques internes, les retombées sur sa propre sécurité émanant de cette instabilité chronique dans la zone sahélienne. Ce n'est pas sans raison que l'Algérie déploie énormément de moyens sur le plan humanitaire, en envoyant des vivres et médicaments au Sahel et en accueillant des centaines de réfugiés sur son territoire. La dernière opération en, date a eu lieu le 4 avril dernier. Deux avions militaires transportant 60 tonnes d'aides alimentaires ont pris le départ à partir de la base aérienne de Boufarik, à Blida, en direction de l'aéroport de Niamey au Niger, dans le cadre des aides humanitaires destinées à ce pays, en application de la décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Ces périls, notamment la menace terroriste liée aux réseaux de trafic de drogue, d'armes et la migration illégale transcendent les frontières des Etats de la région Maghreb-Sahel. Ils requièrent non pas une réponse collective, du moins de la part des pays d'Afrique du Nord. Au lieu et place d'une coordination, l'Algérie fait face à des menaces directes lui venant du front Ouest: un voisin belliqueux qui n'abandonne pas ses ambitions expansionnistes. La violation par l'armée marocaine, le 13 novembre dernier, du cessez-le-feu avec le Sahara occidental en vigueur depuis 1991 risque de provoquer l'embrasement général dans toute l' Afrique du Nord et au Sahel. L'exécution dans la zone libérée de Rouss Irni, à Tifariti sous contrôle du Front Polisario, au début de ce mois, du commandant de la Gendarmerie nationale sahraouie, Addah Al-Bendir par un drone israélien, n'est-il pas un réel prélude à une grave escalade?