Les dernières mesures prises par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à savoir l'élargissement des détenus en rapport avec le «Hirak», pourraient constituer une sorte d'amorce d'une démarche qui s'inscrira dans un processus d'apaisement du climat politique. En plus de la dimension politique, il y a aussi l'homme. Abdelmadjid Tebboune n'a pas seulement agi en président de la République. Les grâces prononcées ont une charge fortement humaine. Ceux qui le connaissent, décrivent, en effet, Tebboune comme un père de famille très soucieux de la joie que peut procurer une famille réunie en ces temps de fête religieuse, d'autant que les détenus élargis se sont retrouvés en prison à cause de leurs gestes en rapport avec les manifestations de rue. Au plan politique, le geste présidentiel traduit le fait que le dialogue politique est l'élément sûr et garant d'une solution où l'ensemble de la classe politique et la dynamique sociétale dans toutes ses expressions pourrait s'impliquer et participer pour asseoir une issue consensuelle sur l'essentiel qui a trait à la gestion des affaires de l'Etat et de ses institutions. Il est temps qu'une dynamique d'apaisement se fasse sentir de part et d'autre pour permettre à l'Algérie de s'orienter vers l'essentiel des défis qui se dressent à elle. La phase ultime dont le pays doit saisir l'opportunité est bel et bien celle qui favorise la concertation et le débat national sur la situation en général en écartant le spectre des divisions doctrinales et identitaires qui pourrissent la scène politique nationale; Il faut oser en politique, cela ne peut être compris comme une faiblesse ni une espèce de vulnérabilité des institutions de l'Etat. Il faut aller jusqu'au bout dans un processus d'apaisement sans pour autant sacrifier l'essentiel; à savoir les intérêts d'un Etat souverain et indépendant. L'éventail de la «manoeuvre» est large dans la perspective d'asseoir les jalons d'un dialogue inclusif et intrinsèque avec l'ensemble des forces politiques et les dynamiques de la société civile dans le but de reconstruire un véritable consensus national. L'Etat quand il est fort et sûr de sa démarche, ne devrait pas avoir peur des solutions qui impliquent toute la classe politique et les forces vives de la patrie. Bien au contraire, cela va permettre aux institutions de l'Etat de se renforcer et de s'immuniser contre toute menace et risque susceptibles de lui porter préjudice. Les mesures d'élargissement à travers la grâce présidentielle ou de clémence doivent être élargies et renforcées par d'autres mesures pouvant apporter l'apaisement recherché par toute la classe politique et la société dans son ensemble. Il y a des détenus dont l'accusation ne tient même pas la route quant à ses tenants et aboutissants, ils croupissent en prison depuis le début du Mouvement populaire à nos jours. Leur cas doit être pris en considération avec acuité, parce que leur libération pourrait être un élément additionnel quant à la résorption de la crise politique et la facilitation d'un débat et d'une concertation politique la plus large possible. Le pays ne peut plus se permettre des situations de crise dont les conséquences sont déjà lamentables et catastrophiques. Le temps presse, et la crise s'alimente de ce genre de tergiversations qui n'aident pas à dégager un processus politique crédible et sérieux pour le pays et la société. Il est urgent de mettre en oeuvre une démarche courageuse et responsable pour dissiper les clivages et les impasses qui se dressent au pays. L'apaisement doit être suivi de mesures visant l'absorption des poches de colère qui se manifestent sur le front social, Ces poches de colère qui sont légitimes doivent être traitées par le truchement de dialogue social et des mesures concrètes quant à leur résolution. Tout compte fait, il est urgent d'aborder la situation politique en cours dans sa globalité en assumant des choix qui aideront à dissiper le climat de résignation et de découragement qui affecte des pans entiers de la société.
