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Un tsunami de la fuite des cerveaux
Afghanistan
Publié dans L'Expression le 28 - 08 - 2021

Juristes, fonctionnaires, techniciens... Les Afghans qualifiés sont largement représentés au sein des réfugiés des dernières semaines, engendrant une fuite des cerveaux dramatique pour l'Afghanistan, dont les talibans au pouvoir depuis le 15 août se sont eux-mêmes inquiétés. Lors de leurs opérations d'évacuation, les Occidentaux ont privilégié les Afghans ayant collaboré avec eux - journalistes, fixers, interprètes, membres d'ONG.. - mais aussi les personnalités susceptibles d'être en danger avec le retour au pouvoir des «étudiants en religion», comme les intellectuels ou les artistes. Plus de cent mille personnes ont ainsi fui le pays depuis mi-août redoutant que les nouveaux maîtres de Kaboul, malgré leurs assurances, ne renouent avec le type de régime fondamentaliste et brutal qu'ils avaient imposé entre 1996 et 2001. «Je n'ai jamais voulu quitter le pays, recommencer à zéro ailleurs. En Afghanistan, j'avais un travail que j'aimais, 50 personnes sous ma responsabilité, du prestige social. Ce que je faisais était utile pour mon pays», affirme Rachid, un ancien haut fonctionnaire afghan de 40 ans, désormais réfugié en France avec son épouse et leur bébé.
«Les trente ou 40 personnes qui ont étudié avec moi à l'étranger sont toutes parties (...). Nous avons laissé l'Afghanistan aux mains de sauvages. Mais pouvions-nous rester et travailler sous l'Emirat islamique? Notre seul salut était l'exil», déplore-t-il. Un «tsunami de la fuite des cerveaux», comme l'a formulé le journaliste vétéran afghan Bilal Sarwary, ex-correspondant de la BBC réfugié à Doha, auprès du média Democracy Now. «Nous n'avons pas une connaissance précise de la composition des flux d'Afghans réfugiés mais quand il y a une crise dans un pays, on l'a vu avec l'exode des Syriens en 2015, le pourcentage d'éduqués dans les demandeurs d'asile est plus important que dans la population d'origine», un phénomène accru encore dans les pays pauvres, souligne Frédéric Docquier, responsable du programme Crossing Borders à l'Institut de recherche socio-économique du Luxembourg (Liser). «Dans les pays riches, les diplômés du supérieur migrent 20% en plus que les autres donc le rapport des taux de migration, c'est 1,2. Dans les pays les plus pauvres, ce rapport est de 20. Donc ils migrent vingt fois plus que les non éduqués», pointe-t-il. «Et quand il y a un conflit, ou un putsch politique comme c'est un peu le cas avec le régime des talibans, les réponses migratoires à ce type de chocs sont plus importantes encore chez les éduqués (...). Le taux est au-delà de 20».
Les talibans eux-mêmes ont appelé mardi les Occidentaux à évacuer les seuls étrangers et non les experts afghans, tels que des ingénieurs, nécessaires au pays. A raison, commente M. Docquier: «Le capital humain est un facteur très important de développement, l'éducation une des sources les plus importantes de croissance. Un pays privé de main-d'oeuvre qualifiée est privé de déterminants de croissance et compétitivité.»
Les talibans, pour beaucoup issus de régions rurales et n'ayant pas «eux-mêmes les qualifications pour gouverner», «savent qu'il leur faut un minimum de techniciens, de gens hautement éduqués, pour faire tourner les rouages d'une administration qui a besoin de continuer à absorber une assistance internationale. Ne fût-ce que seulement chinoise, pakistanaise ou qatarie», abonde Michaël Barry, spécialiste de l'Afghanistan et ancien professeur en chef de l'Université américaine à Kaboul. «Jusqu'ici, ils avaient la responsabilité suprême de détruire le pays, de causer la désagrégation de l'administration. C'est pour cela qu'ils ont été financés par le Pakistan», accuse-t-il. Pourquoi donc avoir permis la sortie de dizaines de milliers de personnes dans ces conditions? «Ils se font bien voir de la communauté internationale avec cette concession et se débarrassent par la même occasion de contestataires possibles. Des cerveaux, cela signifie toujours possibilité de critique et de libre pensée», poursuit l'universitaire américain.Le but était donc «dans la mesure du possible, d'en garder un minimum pour faire tourner les rouages indispensables», explique-t-il.
«Les intellectuels dans une société où il y a beaucoup d'oppression sont aussi des vecteurs de protestation. Quand on les perd, on perd aussi cette possibilité de protestation et donc de changement», relève également Frédéric Docquier. «J'ai vu, il y a trente ans, l'impact dramatique de tels départs sur mon propre pays, la Somalie, qui partage des caractéristiques avec l'Afghanistan: guerre civile, société tribale...», soupire Ali H. Warsame, enseignant à l'East Africa University de Nairobi. «Je suis parti en 1990, l'année de mon diplôme et il m'a fallu près de 20 ans pour y retourner.»


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