Une diplomatie offensive, qui ne se contente plus de la seule compétence des hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, semble être la nouvelle approche de l'Algérie dans ses rapports avec son voisinage et au-delà. Son positionnement géostratégique, ses ressources financières et son potentiel économique, constituent visiblement autant de leviers mis à la disposition de l'action diplomatique. L'interdiction de survol du ciel aux avions marocains, la fermeture du gazoduc Magheb-Europe et récemment l'allusion claire à la modification des termes du contrat avec l'Espagne sur la livraison de gaz, sont autant d'indices de l'usage que fait l'Algérie des atouts dont elle dispose dans l'échiquier géopolitique régional. Rabat, comme Madrid qui ne s'attendaient certainement pas à une telle radicalité dans l'action de l'Algérie, apprennent à leurs dépens, que la nouvelle donne impose ce genre de réaction. Il faut dire que les intentions bellicistes du Maroc sont on ne peut plus évidentes. L'introduction d'Israël dans l'espace maghrébin, l'institution d'une nouvelle région militaire aux frontières de l'Algérie et l'organisation de «très longues» manoeuvres qui auront duré tout un mois, oblige l'Algérie à une posture ferme et sans nuance. Aussi, les questions qui relèvent de la profondeur stratégique du pays seront traitées sans délai et avec la fermeté qu'exige la situation exceptionnelle. C'est dire qu'Alger répondra du tac au tac et le fera savoir à qui de droit. La «gaffe» du Premier ministre espagnol qui s'est aligné sur la thèse marocaine par rapport à la question sahraouie, doit être réparée. Cette posture, que les observateurs de la scène internationale découvrent avec l'avènement d'Israël dans la région, amène à penser que l'Algérie ne s'arrêtera pas à ces aspects. L'usage coercitif des atouts stratégiques ne résume pas la nouvelle approche de la diplomatie algérienne. Et pour cause, le déploiement de l'Algérie dans le voisinage a aussi été significativement positif pour la Tunisie, la Libye, le Mali, le Niger et la Mauritanie pour ne citer que les pays avec lesquels l'Algérie partage des milliers de kilomètres de frontières. En dépêchant le ministre de l'Energie à Nouakchott pour soutenir une Mauritanie au bord de l'effondrement avec la hausse des prix de l'Energie, l'Algérie met sa puissance financière et énergétique au service d'un pays ami. De plus la réalisation à ses frais d'une route de plus 700 km dans le territoire mauritanien est une autre illustration de cette diplomatie offensive. Pour la Tunisie et les autres pays, il n'est pas besoin d'énumérer les actions directes de soutien politique, économique et humanitaire. Ce n'est pas la logique du «bâton» d'un côté et de la «carotte» de l'autre qui anime l'action diplomatique de l'Algérie, mais une volonté d'asseoir la stabilité dans la région et empêcher toute velléité de déstabilisation. Désormais, Alger ne se contentera pas de dénoncer ou d'exprimer sa compassion, elle agira dans un sens ou dans l'autre.