Commencée mercredi dernier au Caire et prévue jusqu'au 20 avril prochain, une importante réunion rassemble des représentants du Parlement et du Conseil suprême d'Etat libyens, les deux principales institutions parlementaires, basées l'une à Tobrouk et l'autre à Tripoli. Elles planchent sur le projet de Constitution devenu la condition sine qua non d'une relance du processus électoral en Libye. La rencontre se déroule en présence de la conseillère du secrétaire général de l'ONU, l'Américaine Stephanie Williams qui assume de facto le rôle d'envoyé spécial mais n'est pas comptable devant le Conseil de sécurité. Le but des discussions, dit-on, est de parvenir à une base constitutionnelle consensuelle qui ouvrira la voie à la tenue des élections que le peuple libyen appelle de ses voeux et pour lesquelles il a manifesté ces derniers jours son impatience et, parfois même, sa colère. Parallèlement à cela, un appel signé par 21 candidats à la présidentielle avortée du 24 décembre 2021 à été adressé, voici quelques jours, au Conseil présidentiel, issu du Forum de dialogue politique inter- libyen initié par le processus onusien de sortie de crise en 2020 dans lequel ils lui demandent de déclarer l'état d'urgence et d'intervenir pour sortir le pays de l'impasse actuelle. Compte tenu de la menace pour l'unité et l'intégrité de la Libye que cette situation comporte, avec le récent retrait des membres de la commission mixte militaire 5+5 pour la région Est où siège l'armée autoproclamée nationale du maréchal Haftar, ils réclament que le Conseil présidentiel donne un délai de 30 jours à la Chambre des représentants (Tobrouk) et au Haut Conseil d'Etat (Tripoli) pour s'entendre sur la formation d'un gouvernement chargé de conduire les affaires du pays durant six mois, le temps de réunir les conditions nécessaires à la tenue des élections générales. Tout en exprimant leur soutien à l'action de la Conseillère du secrétaire général de l'ONU Stephanie Williams dont les efforts en ce sens sont appréciés, les 21 candidats assurent, dans le communiqué rendu public, suivre avec attention les efforts actuels pour l'élaboration d'une plate-forme constitutionnelle consensuelle, base indispensable à la convocation des élections parlementaires et présidentielle dans les plus brefs délais. Car, disent-ils, c'est avec ces élections que la Libye parviendra à s'extirper d'un statu quo qui aura duré onze longues années, avec de lourdes conséquences. Anticipant des accrocs et des manoeuvres dilatoires, lors de la réunion qui se tient au Caire entre le Parlement et le Haut Conseil d'Etat, ils exhortent le Conseil présidentiel à déclarer, le cas échéant, ces deux instances «en congé législatif», une manière élégante de les neutraliser, et cela jusqu'à l'élection de la nouvelle Chambre des représentants, à charge pour le Conseil présidentiel d'assumer tous les pouvoirs durant l'état d'urgence, sans préjuger de l'indépendance du pouvoir judiciaire. Enfin, ils ont réclamé la publication de la liste des candidats à la présidentielle de décembre 2021, la préservation de leurs droits et la réorganisation de la Haute Commission électorale nationale pour la protéger des interférences extra-judiciaires. Compte tenu de ces programmes ambitieux et denses, il semble que la Libye soit en mesure de voir le bout du tunnel mais le fait est que certaines parties sont là, et bien là, pour continuer à en creuser.