L'incident de M'Chedallah dans la wilaya de Bouira et la polémique qui s'en est suivie à propos de l'imam de la mosquée et ses retombées, ont fait sortir les partis islamistes de leur tanière. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) de Abderrezak Makri, et le Front de la justice et de développement (FJD) de Abdallah Djaballah se sont rappelés, on ne sait par quel miracle, que le monde politique existe encore, après une longue hibernation dont beaucoup d'observateurs ont conclu que ces deux partis islamistes «ont quitté complètement la scène politique nationale après avoir subi un cuisant échec lors des dernières joutes électorales des législatives et des communales». Le sursaut est apparu chez Makri et Djaballah uniquement quand la question relative à la mosquée et la polémique qui s'est déclenchée sur l'affaire dite de M'Chedallah. Ces deux partis islamistes ont sollicité le ministre de l'Intérieur à l'effet de prendre des mesures fermes en termes de sanctions pour «atteinte à la mosquée». Le président du MSP, Abderrezak Makri, a franchi le Rubicon en se mettant dans la posture d'un imam, voire d'un prédicateur pour annoncer que «les galas sont interdits durant le mois du Ramadhan où la priorité est réservée à l'invocation de Dieu et la récitation du Coran», a-t-il annoncé. Le président du MSP a souligné à travers une déclaration qui se veut interrogative «Comment obliger l'imam à s'excuser et ne pas demander des comptes à ceux qui ont organisé un gala à proximité de la mosquée et durant le mois de Ramadhan?», s'est-il exclamé. La versatilité développée par Abderrezak Makri et ses acolytes a pour objectif de surfer sur la vague et faire d'une conjoncture comme celle de M'Chedallah une matière pour rebondir à nouveau après une longue absence sur le plan politique. L'affaire de la «mosquée de M'Chedallah» dont les tenants et les aboutissants ont subit beaucoup de dénaturation des faits, a montré le parti pris de la mouvance islamiste qui a versé dans la sphère politique sans pour autant que sa nature et sa matrice théocratiques ne soientt abandonnée. C'est dire que les islamistes ne sont pas solubles dans un processus sociétal visant l'ouverture, la tolérance et la cohabitation pacifique dans le cadre de la diversité et la pluralité des idées, des doctrines et des projets de société. Abderrezak Makri a essayé, pardans le passé, de se montrer loin de l'approche théologique qui anime tous les mouvements islamistes sans exception. Mais ce double discours et cette duplicité n'ont pas tardé à se faire exprimer et manifester en plein jour. Les partis islamistes ne se proposent jamais comme un élément à même de dissiper les malentendus et les crises, bien au contraire, ils sont l'incarnation des situations de crise et leur expression des plus exacerbées. L'affaire de «la mosquée de M'Chedallah» a montré bel et bien la nature des islamistes et leurs visées au-delà de la fallacieuse conception qui veut que ladite mouvance est nuancée à travers des variantes différentes, à savoir l'islamisme modéré et un autre radical. Cette définition est trompeuse, elle vise à tromper les crédules, brouiller les cartes et rendre difficile la lecture et la visibilité politique.