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La mystique soufie pour célébrer le mois sacré
Des soirées ramadhanesques insolites s'y déroulent
Publié dans L'Expression le 24 - 04 - 2022

Les soirées de la célébration du mois sacré de piété et de jeûne, au sein des confréries religieuses soufies, ne ressemblent en rien aux autres soirées ramadhanesques. Elles découlent d'une longue tradition de cérémonials soufis, qui tiennent leur origine des pratiques religieuses des grandes dynasties musulmanes soufies. Ce sont les grands maîtres soufis musulmans, ainsi que les grandes familles musulmanes soufies, qui ont traversé l'histoire de l'islam, qui gardent jalousement et font perdurer ces traditions et pratiques célestes. Ces cérémonies religieuses transmises de génération en génération, à travers les âges et les temps, sont l'apanage et l'héritage des seules zaouias, de nos jours. C'est là que s'entretiennent ces pratiques soufies, qui rappellent les grands maîtres spirituels du soufisme. Tous, sans exception, abondent dans le sens de l'adoration et de la vénération de Dieu et de son prophète Mohamed (Qsssl).
L'ordre des Chorfa de Wazzane
La zaouia est le lieu culte où sont enseignés le Coran et les hadiths, et où sont perpétuées et préservées les traditions soufies. Le cas de la zaouïa Thaâlibiya de Sidi El Hasni, située à Oran, illustre cette tendance générale. Chaque année, à l'avènement du mois sacré du Ramadhan, les membres de la famille des Chérif El Wazzani, des saints Chorfa de Wazzane qui ont essaimé le nord du Maghreb, en quête d'enseignements islamiques et de la conquête de nouveaux territoires durant les siècles révolus, s'affairent à redorer le blason de la zaouïa qu'ils occupent de génération en génération. De notre temps, ils sont trois frères à assurer la succession de la confrérie après le décès de leur père, Moulay Abdallah Chérif El Wazzani. C'est le fils cadet, Moulay Hassan Chérif El Wazzani qui assure actuellement les rênes de la zaouïa Thaâlibiya d'Algérie, avec l'aide de ses deux frères Moulay Ahmed et Moulay Tayeb. Leur mère, communément appelée El Hadja, mère spirituelle de la confrérie, jouit d'une grande aura, tant elle garde jalousement les secrets de la zaouïa et enseigne la sagesse soufie à ses enfants et à ses petits-enfants; c'est elle la gardienne du temple, en quelque sorte. Dans la tradition soufie, les enfants occupent un rang spirituel majeur. Ils sont associés à tous les processus engageant la confrérie. Ils sont les témoins secrets et muets de toutes les traditions, les us et coutumes au sein de la confrérie. C'est El Hadja et son fils qui veillent, coûte que coûte, à l'initiation des plus jeunes aux concepts et pratiques soufies. C'est elle aussi qui gère les lieux, de connivence avec son fils cadet, Moulay Hassan. C'est aussi ce dernier qui supervise et pilote personnellement les préparatifs du Ramadhan, à savoir le replâtrage des lieux, le ravalement des façades, la peinture des endroits stratégiques de la zaouïa et, surtout, le toilettage du mausolée où reposent les membres de la lignée, dont le saint Sidi El Hasni. Dès l'approche du mois sacré du mois de jeûne, les disciples affluent à la zaouia pour apporter aide et assistance aux travaux d'embellissement de la zaouia. Dans la mosquée de la zaouia ou dans les autres salles réservées aux fidèles et aux visiteurs, les tapis sont envoyés au lavage, pour redonner une nouvelle vie. Au fur et à mesure que le Ramadhan approche, des senteurs particulières, entremêlées d'encens parfument les lieux, au grand bonheur des visiteurs et des disciples.
Les sons religieux évoquant le début des grandes récitations récurrentes du Coran, annoncent l'imminence du mois sacré. À quelques jours du Ramadhan, la zaouia est enfin aux couleurs joyeuses soufies afin d'accueillir le mois sacré. Durant les derniers jours de Chaâbane, les rencontres et les «halqates», assemblées de récitations du Coran, s'accentuent, au grand bonheur des adeptes. La nuit du doute est particulièrement célébrée par les fidèles et les maîtres des lieux, descendants de la lignée des saints religieux soufis.
Des soirées envoûtantes
Durant le Ramadhan, les soirées sont dignement et soigneusement célébrées par des cérémonies religieuses envoûtantes. Durant la journée de jeûne, les adeptes et les disciples se réunissent quotidiennement, après «Salate El Asr», troisième dans l'ordre des cinq prières, afin de réciter, en choeur, quelques versets coraniques. L'assemblée prend fin avec l'appel à la prière suivante, celle du «Maghreb», annonçant la rupture du jeûne. Sur place, les fidèles rompent le jeûne avec les dattes et du lait cru, comme le veut la tradition. C'est Moulay Hassan qui préside à la prière, suivi par les fidèles, en rangs serrés, derrière lui. Dans la soirée, les choses sont tout autres. Après la rupture du jeûne, les fidèles prennent d'assaut la mosquée de la zaouia, pour la prière d'El Îcha. Après quoi, les Tarawih prennent acte. Une prière surérogatoire où s'accomplissent par paires, de 11 à 45 Rakaâte. Après la dernière prière de la soirée, «Salate Ettaraouih», juste après Salat El Îchaa, dernière prière dans l'ordre des cinq prières de l'islam, les adeptes et les sympathisants se rassemblent autour du cheïkh spirituel de la confrérie «Tariqa» dans un lieu réservé aux membres affiliés et aux fidèles. Cela n'exclut pas la présence d'invités ou de personnes curieuses, voulant découvrir les pratiques religieuses de la Tariqa. Les fidèles sont invités à descendre un étage au-dessous de la mosquée, où les attendent mets et délices. Ceux qui n'ont pas bien mangé pourront goûter un couscous royal fait d'une semoule très fine, arrosé de miel pur et cuit avec de gros raisins secs. Le plat est servi avec du lait ou du lait caillé «L'ben». Parfois, les fidèles sont invités à des plats appétissants d'une saveur exceptionnelle. Après cet entracte rapide, les fidèles pourront commencer le récital coranique habituel avec des versets de petites sourates, pour ensuite aboutir aux grandes sourates, comme celle de la «Baqara», la première sourate après la Fatiha. Dans un style saharien pur, puisque les Chérif El Wazzani sont tous passés par l'école coranique du Grand Sahara, les versets du Coran sont récités en choeur dans une euphonie envoûtante.
Simultanément, un vieil homme du Sud entouré de plateaux de gâteaux et de pâtisserie orientale, de verres, de bouteilles d'eau minérale, etc, prépare le thé dans un rituel extraordinaire. Une fois «la psalmodie» du Coran achevée, les convives sont servis de thé chaud et sucré. Le rituel recommence jusqu'aux premières heures du matin, juste avant la prière du Fadjr, première dans l'ordre des cinq prières. Ces soirées, qui renvoient à une mystique séculaire, se poursuivent par des chants religieux,
«Madih», très envoûtants et très mélodieux, sans avoir recours aux instruments de musique. Les chants sont généralement des louanges à Dieu et au prophète Mohamed (Qsssl). Les soirées ramadhanesques de la zaouia de Sidi El Hasni peuvent être visionnées sur les réseaux sociaux, où elles sont transmises en direct. Il y a quelques années à peine, il aurait été impensable de pouvoir diffuser ou même filmer un majliss soufi. Il convient de rappeler qu'au cours du 27éme jour du Ramadhan, une célébration particulière accompagne les festivités au sein de cette zaouia. Le mausolée est illuminé par une centaine de bougies blanches ornant les coins et les recoins de l'endroit. L'encens et les parfums du misk donnent un cachet particulier à cette ambiance du 27éme jour. Dehors, juste devant les portes du mausolée, une hadra prend place, animée par une nuée de troupes folkloriques, fidèles au rendez-vous. Les familles, dont beaucoup de femmes et d'enfants, s'agglutinent devant les portes de la zaouia, vibrant au rythme des mélodies sahariennes savamment exécutées par ces troupes de karkabou. Une fresque hallucinante qui imprègne une mystique particulière au quartier de Sidi El Hasni, au sein de l'illustre Mdina Jdida.
L'adoration de Dieu y est sacrée et une voie de délivrance absolue.
Au coeur de la ville d'Oran
«Nous veillons à perpétuer ces pratiques que nous avons héritées de nos aïeux, et à préserver la mémoire de nos ancêtres, en poursuivant ces rituels et ces pratiques soufies», nous confie Moulay Hassan Chérif El Wazzani. C'est également lui qui est derrière l'organisation annuelle de la Waâda de son ancêtre Moulay Tayeb et Sidi El Hasni.
Un «Mawssim», saison religieuse, perpétuée depuis plus d'un siècle par la zaouia et ses disciples. Il s'agit d'un hommage au saint, qui vise à mettre en valeur son héritage spirituel de grande valeur et sa transmission aux générations futures. La Waâda de Sidi El Hasni draine des milliers d'adeptes venus des quatre coins du pays, dont le Sud et même en dehors du pays. Sidi El Hasni, qui a vécu au 19e siècle, est un descendant de Moulay Abdallah Cherif El Wazzani, un illustre saint qui a vécu dans le sud du pays, où il a fondé une tariqa qui porte son nom. Sidi El Hasni a étudié à la prestigieuse université d'El Azhar, où il a eu le privilège de côtoyer les grands érudits de l'islam et les savants arabes et algériens de l'époque. À son retour en Algérie, il fondera la grande zaouia de Mazouna, dans la wilaya de Relizane, avant de rallier Oran, où il fondera la zaouia actuelle d'Oran. Il décèdera en 1901.
L'impact de la zaouia sur la vie spirituelle de la cité d'Oran est indéniablement grand. Continuellement, la zaouia abrite, à ses différents endroits, des hôtes venus de différentes régions du pays, particulièrement du Grand sud algérien, notamment Adrar, Timimoun et toute la région du Grand Touat. Ils sont logés, nourris et associés aux différents rituels auxquels ils se joignent volontiers, selon la tradition soufie.


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