«Mawlid» sera-t-il moins «pétaradant» que d'habitude? C'est la question que se posent les Algériens au vu du «calme» qui règne dans le pays à la veille de cette fête religieuse, car, habituellement, les jours, voire le mois, qui précèdent la fête de la naissance du prophète (Qsssl) sont marqués par les explosions et autres bruits assourdissants des feux d'artifice. On a un avant-goût de la fête pratiquement tous les soirs jusqu'au jour J où c'est la grande explosion. Or, cette année, rares sont les bruits de pétards qui viennent déranger la quiétude des citoyens. Même les étals de vente clandestins de ces produits sensibles sont de plus en plus rares. On ne les voit plus à chaque coin de rue comme cela a toujours été le cas. Certes, il y a deux ou trois petits malins qui continuent de défier la loi, en proposant de s'installer dans leurs quartiers afin de vendre «El mharek» mais ils sont marginalisés. Or, ce type de vente était une activité saisonnière pratiquée par de nombreux jeunes. Que s'est -il donc passé? L'étau a-t-il été resserré à ce point? Avons-nous réussi à mettre fin à ce phénomène? Comment expliquer alors cette «accalmie»? Ces deux dernières années, cela était dû à la crise de la Covid-19, la fermeture des frontières et les restrictions des importations. Malgré cela, le calme qui avait régné à la veille du Mawlid était celui qui précédait la tempête, car arrivés à la fête, on a eu droit à une grande symphonie de «pétards». Qu'en sera-t-il donc samedi prochain? Il suffit de faire un tour à «la Mecque» des «mharek» pour avoir la réponse. Si les vendeurs à la sauvette de ce type de produits se font rares dans nos rues, ce n'est pas le cas à «Djamaâ Lihoud», au centre de la capitale. On a toujours le droit aux beaux stands en couleurs bien décorés avec des jeux pyrotechniques de différents types et à divers prix. De véritables arsenaux de guerre aux noms terrifiants. On cite, entre autres, «Mergueza, Chitana, Boumba, TNT, Double Bombe, Triple Bombe, grenades, Zerbout, Cristiano Ronaldo, la Tueuse, Pétards-missiles, Ben Laden». Si le «marché de gros» fonctionne toujours, alors pourquoi ne trouve-t-on plus les détaillants? N'est-ce plus rentable? Sachant que les prix ont flambé, alors que le pouvoir d'achat des Algériens a baissé. Bilel, un «spécialiste» de ce type de commerce qu'il pratique chaque année à la même période, sourit quand on lui dit qu'il n'y a plus de pétards cette année. Il réplique: «Nous sommes déconnectés». Explication: cette «activité» a fait sa transformation digitale. Les produits pyrotechniques se vendent désormais sur Internet. Un petit tour sur la Toile pour découvrir de véritables «stores». On y trouve différentes marques et différents modèles avec la présentation bien détaillée pour chacun d'eux. Sur Facebook, certains usent même de sponsoring pour «booster» leurs ventes sur marketplaces. Cela alors que l'on trouve des groupes dédiés uniquement à ce type de produits. On s'échange les bons conseils, on échange la «came», on se partage les nouveautés ou on vend tout simplement la marchandise. Sur les sites de ventes comme Ouedkniss, certains «osent» même y déposer des annonces avant d'être vite supprimé par les responsables de la plateforme. Mais cela ne refroidit pas leur ardeur. Ils reviennent à la charge avec d'autres nouvelles. Ces vendeurs en ligne vont jusqu'à proposer la livraison! «On préfère vendre sur Internet. C'est plus sûr, rapide et efficace», assure Rahim, un autre marchand de «pétards». Il explique qu'ils n'ont plus besoin de se cacher, de guetter l'arrivée des services de sécurité et de courir avec sa marchandise pour éviter de se la faire saisir.