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«Parler d'Azeffoun encore et encore...»
Houria Bouayad, écrivaine, à L'Expression
Publié dans L'Expression le 10 - 11 - 2022

L'Expression: Vous avez rencontré, récemment, vos lecteurs à l'occasion de séances de ventes-dédicaces à Alger et Tizi Ouzou, pouvez-vous nous parler de ces séances?
Houria Bouayad: Ce sont des rencontres importantes et qui marquent. C'est toujours intense de voir la réaction du public à ses écrits. Permettez-moi aussi de parler des personnes qui ont permis justement ces rencontres.
Comme j'aime à le dire, l'écriture est une aventure individuelle, mais aussi assurément humaine. Ainsi, deux rencontres complètement différentes, un lieu intimiste et symbolique à Alger le mercredi 19 octobre 2022 et un lieu rassembleur le Jeudi 20 octobre 2022 à Tizi Ouzou. Deux rencontres dans des lieux de culture pour mettre à l'honneur une région qui a tant donné, Azeffoun. Une, dans un cadre intimiste à Alger-Centre, de surcroît rue Didouche-Mourad, fut un hasard heureux et un véritable clin d'oeil à cette personnalité d'Azeffoun que j'évoque dans mon livre. Réunir des personnes férues d'art a été permis grâce à l'implication de belles personnes, un artiste d'Azeffoun, Nourdine Hamouche et une de ses amies, Atika, grande amatrice d'art.
Du beau monde lors de cet après-midi culturel, dans un salon algérois qui rivaliserait avec bien des salons parisiens... Nourdine Hamouche jouait un morceau de flute qui enchantait l'assistance et j'amorçais ma présentation du Caroubier d'Azeffoun, cette terre en commun qui nous unit. Un cheminement dans cette région d'Azeffoun nous révélant ses jolies petites criques et ses plages aux noms évocateurs, «Le petit paradis», «La plage du caroubier», mais aussi ses lieux chargés d'histoire...L'évocation de tous ses noms liés à cette région riche de tant de personnalités dans tous les arts. Le public était très intéressé et intéressant. L'échange fut riche, instructif. Azeffoun retrouvait ses lettres de noblesse, son identité culturelle qui la caractérise. L'endroit se prêtait à des discussions de salon, à des échanges intéressants.
Qu'en est-il de la rencontre avec le public de Tizi Ouzou?
J'ai eu l'honneur d'être invitée par la direction de la culture et des arts de la wilaya de Tizi Ouzou et sa directrice Nabila Goumeziane assistée de son staff, au petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud Mammeri, par l'entremise de l'organisateur du café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou, Amirouche Malek, qui s'est complètement impliqué dansà la réussite de cet évènement où j'ai présenté mon livre Le Caroubier d'Azeffoun-la terre d'Azeffoun en commun, avec son aimable modération. L'empreinte culturelle d'Azeffoun était toute préservée dans ses terres. En plus de lecture d'extraits du livre, les personnalités d'Azeffoun ont été à l'honneur aussi en vidéo où les magnifiques portraits de l'artiste-peintre Zitoun Kerkaden ont été projetés à l'écran sur une musique d'Iguerbouchène, portraits qui apparaissent tous dans le livre. Un enregistrement audio récent de Kamel Hamadi lisant son texte «Hymne à Azeffoun» a aussi superbement clôturé la rencontre. Ceci pour les vidéos et audio présentés par la technique. La rencontre modérée par Amirouche Malek s'est avérée conviviale, sympathique. Le débat était d'une haute volée, riche de questions et d'interventions pertinentes. Beaucoup de belles personnes m'ont fait l'honneur d'être là, à l'instar de l'écrivain Rachid Oulebsir qui a été désigné pour me remettre le cadeau de distinction que m'a offert la direction de la culture et des arts de Tizi Ouzou. J'en ai été honorée. Des échanges, des rencontres, des questions notamment sur cet arbre, le caroubier, qui n'en finit pas de nous étonner. Des artistes connus, d'autres moins. Des nationalistes dont on ne parle pas assez. Des Azeffouniens qui nous font aimer ce petit bout de terre si précieux. Mon livre sur Azeffoun trouve et a trouvé un intérêt certain auprès du public et j'en suis ravie.
Comment est née l'idée d'écrire ce livre sur Azeffoun?
L'idée d'écrire un livre sur Azeffoun était là depuis un beau moment. Je me suis mise enfin à l'écrire en 2018, j'en avais parlé, bien avant, autour de moi, et bien après d'ailleurs, pendant son écriture. Moi, la Parisienne de naissance, je ressentais profondément l'attachement à ma terre ancestrale d'où sont originaires mes deux parents qui m'ont fait aimer ce coin de terre particulier. Particulier à plus d'un titre. Azeffoun, terre d'Iguerbouchène, de Tahar Djaout, de Bachir Hadj Ali, de Mohamed Hilmi, de Fellag, de Hamidou, d'El Hadj M'hamed El Anka, de Didouche Mourad et de tant d'autres... Peu de choses existaient sur l'apport d'Azeffoun à la révolution et à la culture algérienne. Je voulais mettre en lumière ce vivier, en parler au présent et le faire connaître au plus grand nombre. Ce récit se réalise à partir de plusieurs recherches, de témoignages de proches et le privilège pour certains d'avoir eu leur témoignage en direct. Lorsque j'ai informé Mohamed Hilmi, fils et personnalité d'Azeffoun, du fait que je commençais à écrire sur Azeffoun, il a non seulement été très enthousiaste, mais plus encore que ce soit une femme qui écrive sur Azeffoun, l'idée lui plaisait tant qu'il m'a soutenu dès le début. Il s'est montré particulièrement disponible pour me prodiguer de précieux conseils et m'a généreusement partagé des souvenirs inédits. Un jour, il m'offrit même le magnifique texte qui se trouve en début de livre, qu'il avait gardé précieusement depuis de nombreuses années, écrit au stylo bleu en langue kabyle où il célébrait Azeffoun «Ah, Ayazeffoun».
Comment expliquez-vous le fait que la région d'Azeffoun ait enfanté un nombre impressionnant d'artistes de grande dimension et relevant de plusieurs disciplines?
C'est une question difficile. Heureux, celui qui aurait une réponse claire à cette question. Peut-être juste des pistes de réponses. Azeffoun étant en Kabylie maritime, la région entre mer et montagne décline de jolis reliefs. Le site est paradisiaque. Est-il un élément majeur où la création peut s'exprimer? Possible. On a toujours dit qu'Azeffoun était un vivier d'artistes dans plusieurs disciplines vous l'avez souligné, tous les arts ont été représentés, la musique sous toutes ses formes, symphonique, moderne, chaâbie, des voix féminines qui ont chanté l'exil et l'amour, le théâtre, la peinture, le cinéma, l'humour... l'éventail est large! L'environnement les a-t-il inspirés? Même si c'était le cas, on remarque que nombre de ces personnalités ne sont pas restées dans la région. Ceux qui ont eu un destin et une grande renommée l'ont eue une fois partis d'Azeffoun. Si nous reprenons le contexte de la colonisation française, les enfants d'Azeffoun ont été contraints de quitter leurs terres et d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte, dit-on. C'est la misère qui les a chassés, ils sont partis les larmes aux yeux, de l'aveu même de Mohamed Hilmi, qui, pourtant, me dit que c'est son départ pour la casbah d'Alger qui lui ouvrira les portes de l'opéra d'Alger. Une opportunité qui n'aurait pas été permise s'il était resté au village. Azeffoun, Port-Gueydon, est donc le départ de ces hommes et, plus rares, femmes vers un autre destin. Le fait d'avoir pu voyager leur a ouvert d'autres horizons, ils ont pu se mêler aussi à d'autres cultures.
Dans votre livre, vous vous penchez plus sur certains aspects de la région d'Azeffoun, pouvez-vous nous en dire plus?
Ce livre est comme un cheminement, on parcourt, en début de livre, la région, un peu comme lors de la lecture d'un guide touristique, on y fait des haltes, on observe, on contemple, on continue son chemin et surtout on profite de la beauté du paysage... Puis, certaines personnalités artistiques emblématiques de la région sont présentées, leur portrait se veut être attachant. Tous les arts y sont représentés. Mais l'éventail est encore plus large. Un panel impressionnant qui va bien au-delà de l'artistique, par exemple de nationalistes de la première heure et plus généralement de femmes et d'hommes de conviction, plus ou moins connus.
Il est aussi question d'Histoire dans votre livre, n'est-ce pas?
Dans mon livre, l'histoire d'Azeffoun est entremêlée à l'histoire familiale et à l'histoire avec un grand H. L'histoire de l'Algérie, avec la colonisation française et la transportation d'Algériens à Cayenne dès les années 1870... Ici, un enfant d'Azeffoun a pu refaire le chemin du retour et retrouver sa terre, Azeffoun.
Pouvez-vous nous parler des échos obtenus par votre livre depuis sa sortie?
Les réactions ont été unanimes. L'engouement était là, comme si les gens attendaient un beau livre sur Azeffoun qui préserve le culturel, l'artistique et l'esthétique d'Azeffoun. Avoir privilégié dès la couverture, une peinture, marron-ocre comme la terre, notre terre en commun, et découvrir, à la lecture, des portraits effectués par l'artiste-peintre Zitoun Kerkaden permettait de préserver cette essence, et a été apprécié. Les lecteurs ont particulièrement aimé que le parcours des personnalités d'Azeffoun ne soit pas conventionnel, mais plutôt un portrait dépeint d'une manière naturelle, presqu'en toute intimité, où l'émotion à la lecture de leur parcours peut être palpable.
Quelques exemples...
À la sortie de mon livre, un ancien chef de daïra d'Azeffoun m'avait écrit en ces termes: «Mes félicitations madame pour votre ouvrage qui, en fait, ne fait que rétablir une injustice à l'égard de la région d'Azeffoun, région qui a donné à travers son histoire, des personnalités inégalables dans le monde de la culture, de l'art et du nationalisme.
Ce livre est venu à temps enrichir et préserver la mémoire d'une région, mais surtout faire découvrir l'effort des enfants d'Azeffoun au grand patrimoine de notre pays». En faisant la promotion de mon livre à Paris, Montréal ou Alger, j'ai pu constater le grand intérêt de beaucoup pour leur terre d'origine.
Pouvez-vous nous parler plus de la réaction de vos lecteurs à l'étranger?
Au Canada, par exemple, chacun avait une histoire à raconter sur la région d'Azeffoun que certains connaissaient pour y avoir enseigné par exemple. Ils gardaient tous de beaux souvenirs de sa population généreuse et accueillante. Mon livre leur permettait de renouer avec leurs souvenirs, souvenir de cette terre fertile en tant d'hommes et de femmes de conviction. Pour d'autres, c'était une belle découverte, la rencontre littéraire leur laissait entrevoir un aspect de cette histoire, de vivier notamment d'artistes liées à la région. Le titre, le Caroubier, du nom de cet arbre symbolique de la région, a permis d'avoir d'intéressants échanges, chacun se rappelant de souvenirs d'enfance où ils mangeaient des caroubes. Ces graines qui ont servi d'unité de mesure dans l'Antiquité car elles faisaient toutes 0.20 g. Leur nom est même à l'origine du carat dans le commerce des pierres précieuses. On l'utilise encore à l'heure actuelle comme unité de poids pour les diamants. Des expressions et symboliques liées au caroubier ont été aussi échangées.
Avez-vous d'autres projets d'écriture?
Je parle facilement de mes projets, peut-être trop, alors allons-y! Ma première lectrice, non, plus précisément, auditrice, a été ma mère. Je pense donc naturellement à toutes les personnes âgées, analphabètes ou handicapées qui ne peuvent lire, donc, faire un livre audio. Le traduire dans les langues parlées de l'Algérie, le tamazight, le darija-arabe algérien et pourquoi pas l'anglais... Mon premier livre se situait dans l'espace et dans le temps, sur 150 ans, un autre livre balayant plus de siècles est en cours; concernant l'espace, je réexpliquerai cette entité culturelle typique, Azeffoun, avec tous ses villages rattachés et je m'arrêterai, comme dans le premier livre, sur certains villages. En fait, Azeffoun va bien au-delà de ces découpages ou imposés qui fluctuent avec le temps et ne sont que des décisions administratives qui scindent ou relient arbitrairement un territoire à un autre.... Ainsi, parler d'Azeffoun encore et encore...


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