Dans un communiqué de l'état-major de l'armée nigérienne, il est dit que quinze terroristes ont été tués lors d'une riposte conduite avec des soldats de la force française Barkhane dont le président Emmanuel Macron a annoncé la fin, mercredi dernier. Aussi banale que semble être l'opération, baptisée Almahaou et intervenue à la suite d'une attaque terroriste dans le secteur de Zibane, menée par des hommes à bord de motos, l'annonce prend tout son sens lorsqu'on sait qu'elle a eu lieu aux abords du Mali, c'est-à-dire dans le fameux triangle baptisé zone des «trois-frontières» et qui correspond à la région de Tillabéri, une grande ville du Niger distante d'à peine une centaine de km du Mali voisin. «Une mission de l'opération Almahaou (opération antiterroriste nigérienne) a été prise à partie dans le secteur de Zibane par des terroristes à bord de motos. Une riposte aéroterrestre avec les partenaires a permis de neutraliser quinze terroristes», affirme donc un communiqué de l'état-major des armées qui précise que quinze motos ont été détruites, douze fusils Kalachnikov récupérés et divers matériels de communication et de protection saisis. Par-delà le bilan présenté, il ressort surtout du communiqué que des soldats de l'opération française Barkhane ont conduit cette riposte près d'Anzourou, dans la région de Tillabéri, à quelques encablures d'un Mali devenu récalcitrant vis-à-vis de l'ancienne puissance coloniale. Ce genre d'attaques terroristes n'est pas nouveau et les groupes extrémistes qui prolifèrent au Sahel ciblent, la plupart du temps, cette région des «trois-frontières» devenue leur zone de prédilection. Plusieurs villages d'Anzourou ont, en effet, subi leurs exactions, comme en mai dernier lorsque 20 civils y ont été massacrés par des assaillants venus à moto. Et trois mois plus tard, 19 autres victimes ont été recensées dans le village de Theim, preuve que les terroristes n'ont aucun embarras à braver l'état d'urgence en vigueur depuis 2017 par lequel la circulation des motos est strictement interdite, de jour comme de nuit. À croire qu'ils disposent de sources de ravitaillement partout où c'est nécessaire. Tout cela pour dire que les 1730 soldats de l'opération Barkhane, sur les 3000 encore présents au Sahel, sont opérationnels au Niger où ils ont du pain sur la planche. Depuis le retrait total exigé par Bamako, une quinzaine d'opérations conjointes franco-nigériennes ont été menées dans l'épineuse région des «trois-frontières», si complexe et si proche du Mali, et où les groupes terroristes, notamment l'EIGS (Daesh) et Aqmi (Al Qaïda) exercent une pression sans cesse grandissante. Elles auraient permis, selon l'état-major nigérien, la destruction de plusieurs bases logistiques et des motos devenues le moyen privilégié de circulation des terroristes ainsi que d'armes et de munitions. En d'autres termes, il faut comprendre, à travers ces communiqués, que la fin de Barkhane est sans aucune incidence sur la présence du dispositif militaire français au Sahel où, a affirmé le président Macron, la France «poursuivra son soutien militaire selon les besoins exprimés» par les gouvernements alliés. De fait, l'instabilité chronique dans laquelle se débat la région de Tillabéri, à cheval entre le Niger, le Mali et le Burkina, et où se déroulent, depuis 2017, de nombreuses et meurtrières attaques terroristes constitue le cadre idéal pour poursuivre l'aventure.