Il arrive souvent à tous les justiciables qui fréquentent les juridictions, pour une raison évidente, de se remémorer des moments inoubliables, des situations burlesques qui vous laissent coi, au moment où vous y repenser! Tenez! Nous allons vous conter les travers d'un piètre inspecteur du ministère de la Justice, qui n'a pas trouvé mieux, pour essayer d'avoir le magistrat visité, que d'ignorer la loi, et de marcher sur les us et coutumes du quotidien des magistrats! Il était en déplacement dans une cour voisine du centre du pays pour inspecter les hommes et les lieux: le président du tribunal, et voir un peu le travail au guichet unique, fait à plus de trois cents kilomètres d'Alger. Il se présenta tôt le matin, plus tôt que les gens de la ville, encore écrasés par une soirée bruyante et arrosée. Peu à peu, les justiciables se mêlaient aux avocats et citoyens venus retirer des documents. Les robes noires avaient leur propre guichet, priorité normale pour le commun des responsables. Revenons à notre vaillant inspecteur venu leur régler leurs comptes à ces fainéants de magistrats, qui tirent au flanc, loin des regards intéressés de la tutelle. Huit heures vingt minutes tapantes! Les portes du tribunal s'ouvrent toutes grandes pour accueillir les 1ers arrivés. Exceptionnellement, il y avait grand monde ce dimanche. Et lorsque vous avez du monde qui prend d'assaut le tribunal, il y a fatalement une chaine humaine qui se forme aux alentours de la bâtisse. Notre inspecteur trouva cette situation anormale, qu'il y ait autant de monde devant un tribunal. Aussi, notre inspecteur ne trouva pas régulier qu'une chaîne soit formée, et ignorait totalement qu'on fasse la chaine, pour voir un beau film, un opéra, un grand spectacle, pour entrer au stade voir un derby! Inouï! Il fit pire: il se dirigea vers un domicile voisin du tribunal, tapa à la porte et demanda la permission de... photographier la chaine humaine en vue de la joindre au rapport final, à remettre à l'inspecteur général de l'époque! Or, tout le monde sait que les photographies sont indésirables sur le pupitre d'un juge du siège! Renseignement pris, ce rapport fut écarté pour «vices de forme». Finalement, le pauvre inspecteur, qui manquait visiblement de formation, reçut un coup de poing sur la face, de la part de l'inspecteur général, dépité par ce gus, qui avait voulu jouer au petit malin! Mais que voulez-vous? On souffle du côté de vieux magistrats, que ce bonhomme avait échappé au «génocide» de l'inspecteur général du ministère de la Justice, de 2011, qui était chargé de chasser les «corrompus» du moment! Plus d'une centaine de juges et procureurs avaient été «chassés» de la magistrature, sans autre forme de procès! C'était l'époque de la sacro-sainte formule: «Un magistrat, ça ferme sa g... Ou il «est» démissionné!»