«Nous enregistrons avec satisfaction que la population n'encourage pas les émeutiers». Dans un entretien accordé à l'APS au cinquième jour des émeutes, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, donne sa perception des derniers événements ayant occasionné mort d'hommes, expliquant l'origine des émeutes ayant secoué le pays. D'emblée, le ministre explique qu'«il ne s'agit point de manifestations auxquelles nous nous sommes habitués mais d'émeutes rassemblant une frange de la jeunesse qui brûle des pneus, pille des biens privés, dégrade et saccage les biens publics, et de surcroît, agresse les services de sécurité par les jets de pierres, des cocktails Molotov et d'autres objets contendants». Après le chapelet de chefs d'inculpation égrenés contre les manifestants, le premier responsable du département de l'intérieur, loue l'intelligence des policiers: «Les services de sécurité font absolument tout avec intelligence et fermeté pour éviter les dérapages», a-t-il affirmé. 736 policiers et 53 émeutiers blessés Ce bilan officiel «illustre l'esprit d'intelligence, de patience mais de fermeté dont ont su faire preuve les services de sécurité», a-t-il souligné. L'analyse du rapport entre les deux chiffres est laissé ouverte par Ould Kablia. Si la mort de «jeunes dans les affrontements, est confirmée, en revanche il n'est pas établi qu'ils sont tués par des balles réelles». «Je confirme le décès de trois jeunes: à M'sila, Tipaza et Boumerdès». Dans les deux premières wilayas, «les personnes décédées ont été retrouvées sans vie lors des émeutes. Quant à celle de Tidjelabine, la victime a été retrouvée calcinée dans un hôtel incendié par les émeutiers», selon le ministre de l'Intérieur. Toutefois, des enquêtes sont en cours pour en déterminer les causes. En ce qui concerne le nombre des blessés et des morts, indique-t-il «toute autre information colportée par des organes de presse qu'ils soient étrangers ou algériens est fausse et alarmiste à laquelle il convient de ne donner aucun crédit». Les services de sécurité «ont évité les dépassements si bien qu'ils ont payé et continuent de payer le prix fort en blessés. Malgré le caractère criminel des actes commis par les jeunes, la situation dangereuse vécue, les services de sécurité assument leur responsabilité d'une manière stoïque», a-t-il justifié. Ce qui s'est produit jeudi dernier, estime-t-il, «est de l'avis général, sans relation avec ces aspects socio-économiques et je dirais, sans aucune mesure, avec une démarche calme et réfléchie, seule voie pour exposer les problèmes. Cela est d'autant plus vrai que les hausses brusques et brutales ont coïncidé avec l'augmentation récente des salaires avec un effet rétroactif depuis 2008 décidée par le gouvernement». La frange de jeunes «dont nous connaissons, par ailleurs, la situation difficile, s'est mise en position de fracture par rapport au reste de la société. Leurs agissements criminels n'ont épargné ni les biens publics ni privés. Ces jeunes n'ont obéi qu'à leurs instincts revanchards car ne mesurant pas toutes les conséquences de leurs actes. L'occasion a été saisie à Alger d'abord, l'imitation, le mimétisme et la contagion ont fait le reste», a-t-il expliqué. «Ce phénomène de saccage, vient d'ailleurs d'être vécu dans plusieurs pays qui n'ont pas hésité, contrairement à l'Algérie, à utiliser des manières fortes», a-t-il souligné. Qu'en est-il des solutions? En rappelant les mesures sans précédent, prises par le gouvernement depuis une décennie pour l'amélioration des conditions de vie en matière d'emploi, de revenus, de logement, d'enseignement qui sont incontestables, le ministre a promis que «d'autres mesures s'y ajouteront dans les prochains mois et les prochaines années qui verront la réduction du chômage, la réalisation de millions de logements et l'amélioration du cadre de vie». Par ailleurs, interrogé sur la portée politique de ces émeutes, le ministre explique que «ce sont les forces de sécurité, les cadres de l'administration centrale et locale qui font face à ces excès. Nous enregistrons avec satisfaction que la population n'encourage pas les émeutiers et que, depuis vendredi, des citoyens s'en prennent directement à eux pour protéger leurs biens. Il faudrait souligner, particulièrement, que les parents ont une lourde responsabilité, car les émeutiers sont des enfants mineurs». On nous reproche déjà, révèle le ministre, sans dire qui, «le fait de ne pas avoir utilisé leurs armes même en se défendant». Enfin, le ministre considère que «ces émeutiers ne constituent que la partie la plus radicale de la jeunesse».