Résumé : Je me rendais dans “mon village”, un hameau perdu dans les hautes montagnes. Je voulais découvrir ces lieux dont on m'avait parlé, mais que je ne connaissais pas encore. En cours de route, un jeune homme m'aide à changer une roue… Curieuse, je demande encore : - Donc on peut dire que vous connaissez le village et ses habitants ? - Oui, bien sûr. Justement je me rendais à la fête d'un cousin. Il se marie aujourd'hui même, mais je n'ai pas pu venir plus tôt. - Très bien. Montez, je vous dépose, vous en profiterez pour m'indiquer certains endroits qui pourront m'inspirer. Le jeune homme me regarde curieusement : - Vous n'êtes pas de la région. Cela se voit comme le nez au milieu du visage. Et vous ne connaissez aucune famille du village à ce que je comprends. Qu'êtes-vous venue faire dans ce coin perdu ? La question m'avait prise au dépourvu. Mais cela va de soi, me dis-je. Ne devrais-je pas plutôt demander à cet homme de m'aider dans mes prérogatives ? Je mets ma ceinture de sécurité, il en fit de même tout en continuant à me dévisager : - Nous avons encore quelque 15 km à parcourir, mais la nature est si florissante, qu'une fois là-haut vous n'allez pas regretter d'être arrivée. Alors vous ne voulez toujours pas me dire ce que vous êtes venue faire dans ce village ? Je change de vitesse. La fatigue commençait à se faire sentir et le sommeil alourdissait mes paupières. Non… Je ne devrais pas me laisser aller. Pas encore… J'ai un tas de choses à régler avant de pouvoir m'accorder quelques heures de repos. Comme pour chasser la brume qui envahissait mon cerveau, je me retourne vers ce jeune ingénieur qui continuait à me sourire : - Comment tu t'appelles ? Il fut content d'être tutoyé, et me répondit sans hésiter : - Hakim. - Tu veux savoir ce que je viens faire dans ce village ? Il hoche la tête : - Oui. Et ne me dites pas que c'est pour passer des vacances, jeune dame, car là, je ne vous croirai pas. - Pourquoi donc ? - Eh bien parce que nous n'avons pas le confort requis pour des gens comme vous. Le village se modernise certes, mais il ne possède pas encore ces lieux de luxe avec climatisation et piscine - Il n'y a pas d'hôtel dans ce village ? Comment font donc les étrangers de passage ? - C'est très simple. Tout d'abord nous n'avons pas autant de visiteurs que vous le pensez. Ensuite, le village possède une sorte de pension de famille qui accueille de temps à autre des couples, ou des femmes, mais je vous préviens ce n'est pas le grand luxe. - Je m'en contenterai. - Hum… Vous ne répondez toujours pas à ma première question… Vous le faites exprès. Vous voulez l'esquiver ? Je haussais les épaules : - Mais non… Je peux te certifier que je ne viens pas en vacances… Je suis là pour un travail. Tu peux me tutoyer, tu sais. - Bien… De quel travail s'agit-il ? Tu es médecin ? Tu viens pour l'inauguration de la nouvelle polyclinique ? - Mais non… Je ne suis ni médecin ni paramédical… Mon travail est plutôt d'un autre genre. Je veux écrire quelque chose. Une nouvelle sur ce village, sur ses gens, son passé, réveiller ses légendes et reconstituer sa culture. Hakim garde le silence… Ma révélation l'a-t-elle impressionné ? Il prend une cigarette de sa poche et laisse tomber une boîte ronde… Une boîte en bois qui fermait avec un ressort. Je tendis la main pour la lui prendre : - C'est ancien ça… Et c'est très beau… On dirait que c'est fait à la main… - Exact… C'est la boîte à chique de mon grand-père. - Non… ! C'est vrai ? - Bien sûr… Mon grand-père était snob, et aimait marquer sa différence avec les autres. (À suivre) Y. H.