Intervenant à l'occasion d'une conférence-débat autour de tamazight, organisée récemment à la maison de la culture Mouloud-Mammeri, à l'initiative de l'APW de Tizi Ouzou, Mohand Ouamer Oussalem, universitaire bien connu et militant amazigh de la première heure, a estimé que la langue amazighe vit "un changement non maîtrisé". Et à l'orateur de rappeler le rôle de l'Etat dans la prise en charge et la promotion de tamazight en adoptant, en premier lieu, un principe d'égalité entre les langues et, en second lieu, mettre les moyens dans son enseignement dans les établissements scolaires, en commençant notamment par le volume horaire qui est actuellement insuffisant. "Trois heures d'enseignement par semaine sont vraiment insuffisantes pour que les enfants assimilent ce que l'enseignant leur propose", a relevé le conférencier. L'autre point soulevé par M. Oussalem est "le code mixingue" où l'on fait face à un "langage" composé de plusieurs langues, ce qui donne lieu à une "cacophonie" linguistique. D'autres questions ont été évoquées lors de cette conférence, notamment la place de la langue amazighe dans les écoles privées, dans les mosquées et dans les tribunaux. A ce sujet, Me Salhi, présent parmi l'assistance, avait soulevé la nécessité d'intégrer tamazight dans les tribunaux, où le citoyen fait souvent face à des juges qui ne comprennent pas tamazight ou le contraire, ce qui pose réellement problème durant les procès. "On est souvent contraint de faire appel à un traducteur arabe-tamazight, alors que cette langue est une langue nationale", a affirmé cet avocat. Pour le président de l'APW de Tizi Ouzou, Hocine Haroun, "cette conférence est une rencontre fortuite avec Ramdane Achab et Mohand Ouamer Oussalem, autour de tamazight. C'est beaucoup plus pour dresser le constat et un point de situation avec les animateurs de tamazight sur, entre autres, la transcription de la langue amazighe. C'est tout cela que nous allons essayer d'évoquer, et l'APW est initiatrice de cette conférence, et ce, après avoir voté une délibération pour l'officialisation de tamazight". A signaler que l'autre volet de la conférence a été animé par Ramdane Achab, linguiste, militant de la cause amazighe et éditeur. K. T