Le Maroc, qui s'attelle à réduire au maximum la reconnaissance du Front Polisario par la communauté internationale, a mal réagi à la participation d'une délégation égyptienne à une rencontre internationale sur le conflit du Sahara occidental. Les relations égypto-marocaines, qui sont au plus bas depuis l'arrivée du maréchal Abdelfattah al-Sissi, au pouvoir comme le montre l'absence d'échange de visite entre responsables des deux pays, se sont dégradées davantage cette semaine. En effet, ni le président égyptien, qui pour sa première visite à l'étranger s'est rendu en Algérie, ni son ministre des affaires étrangères n'ont effectué des visites au Maroc. C'est à une guerre médiatique d'une rare intensité que l'on assiste entre les Marocains et les égyptiens depuis quelques jours. La source de cette crise est la participation d'une délégation égyptienne à une conférence internationale sur le Front Polisario la semaine écoulée en Algérie. C'est du moins ce qu'a révélé une source diplomatique, sous le couvert de l'anonymat, à l'agence de presse turque Anadolu. "La visite, la semaine dernière, d'une délégation égyptienne à Alger pour participer à une conférence internationale sur le Polisario a mis Rabat en colère", a affirmé le diplomate marocain. Dénonçant ce qu'elle appelé "l'ingratitude" égyptienne, la presse marocaine n'est pas allée de main morte pour répondre à ce qu'elle juge comme une remise en cause de l'intégrité territoriale du royaume. Ainsi, Rabat a tout simplement accusé l'Egypte d'ingratitude, car estimant que son soutien à ce pays lors de ses guerres contre Israël était une dette dont le Caire devait tenir compte. Dans ce cadre, l'histoire aura retenu que l'aide à l'Egypte a été sans commune mesure, notamment le chèque en blanc remis par feu Houari Boumediene à l'URSS afin de fournir dans les meilleurs délais des avions MIG 21 et des systèmes anti-aériens SAM à l'armée égyptienne, qui lui ont permis de franchir la ligne Bar-Lev et reconquérir des pans entiers du Sinaï. Dans ses diatribes contre les autorités égyptiennes, une publication marocaine est remontée aux années soixante pour rappeler la "guerre des sables" entre le Maroc et l'Algérie et reprocher à l'Egypte d'avoir soutenu Alger. Un site d'information a même affirmé que... Hosni Moubarak, alors lieutenant et pilote d'hélicoptère de l'armée égyptienne, a été fait prisonnier par les soldats marocains lors de cet épisode avant d'être relâché par la suite. La même source ajoute que des officiels égyptiens ont effectué des visites à Tindouf, juste après la visite d'Abdelfattah al-Sissi à Alger. Ceci dit, la tension semble être retombée ces dernières quarante-huit heures entre Rabat et Le Caire, avec des appels d'un côté comme de l'autre à l'apaisement. Il y a lieu de rappeler que les frictions entre les deux pays remontent au mois de juillet dernier lorsqu'une animatrice d'une chaîne de télévision égyptienne ON TV, appartenant à l'homme d'affaires Naguib Sawiris, avait reproché au Maroc d'être "une terre de sorcellerie et de prostitution", et qu'il avait l'un des "taux de prévalence les plus élevés au monde". À partir de cet incident, les rapports entre les deux parties se sont dégradés progressivement jusqu'à atteindre ce seuil de non retour, marqué par des échanges de bas niveau. M.T.
