Dans un communiqué diffusé hier en marge d'une cérémonie de recueillement organisé au cimetière d'El-Alia, la famille de l'ancien patron de la Sécurité militaire (SM), ancêtre du DRS, Abdallah Khalef dit Kasdi Merbah, assassiné le 21 août 1993, a interpellé le procureur général de la Cour suprême pour qu'il s'autosaisisse et rouvre ce dossier "sensible". "Il y va de l'honneur de notre justice et de notre pays", souligne-t-on. La famille Khalef, qui n'a pas manqué de rappeler qu'"elle n'a cessé d'interpeller le premier magistrat du pays (le président de la République, ndlr), en vain", a estimé qu'il est temps de rouvrir le dossier. "Des langues commencent à se délier et des accusations formelles visant de hauts responsables actuellement en poste ont été rendues publiques par d'anciens officiers de l'Armée". Elle a aussi appelé à l'audition de l'ancien président Liamine Zeroual. "L'audition des responsables civils et militaires de l'époque, dont notamment le président Liamine Zeroual, est capitale, d'autant que certaines déclarations publiques d'anciens responsables au plus haut niveau, ont fait état de l'existence d'escadrons de la mort dans la décennie 1990", assène-t-on. Non sans contextualiser cette 22e commémoration de la mort de Kasdi Merbah, victime, selon les termes utilisés dans le communiqué, d'un "assassinat politique" qui, précise-t-on, n'a épargné ni son fils Hakim, ni son frère cadet, le docteur Abdelaziz, ni leurs fidèles amis Abdelaziz Nasri et El-Hachemi Aït Mékidèche. "Cette commémoration intervient, sur le plan interne, dans un contexte particulier de vacance évidente du pouvoir et de faillite et sur le plan international, dans un climat de crise grave", déclare-t-on. La famille Khalef a ainsi dénoncé l'occultation de la vérité par la politique de la réconciliation nationale. "En déclarant toute plainte ou dénonciation relative aux crimes des années 1990 irrecevable, les textes d'application de la Charte privent les familles des victimes, du droit fondamental et inaliénable à un recours devant la juridiction compétente, violant le pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 décembre 1966 que l'Algérie a signé le 10 décembre 1968 et ratifié le 12 septembre 1989", note-t-on. Et de réitérer sa détermination à faire éclater la vérité : "Nous exigeons la tenue d'un procès libre contre les commanditaires, même morts pour certains d'entre eux, de cet abominable forfait, sachant qu'un criminel, fût-il disparu, peut être frappé d'une condamnation infamante et sa mémoire à jamais bannie et couverte d'opprobre." La famille Khalef qui a rappelé qu'"aucune enquête véritable n'a été diligentée, ni audition des membres de la famille et des témoins, ni autopsie des victimes, des enquêtes balistiques, ni étude de la scène de crime, ni reconstitution du crime comme l'exige la procédure criminelle, ni audition des responsables politiques en place à l'époque, n'ont été menées", conclut que "l'épreuve de la vérité et de la justice est incontournable pour une authentique réconciliation nationale et que ne rien de sérieux et durable ne peut se construire sans cela". L. H.