Le syndicat a mis l'accent sur la protection des magistrats exposés à de multiples pressions et sur la nécessité de "mettre en place des conditions idoines de travail à même de leur permettre d'accomplir convenablement leur mission relative à la préservation de l'argent public". Rien ne va plus à la Cour des comptes (CC). Le Syndicat national des magistrats de cette institution est monté au créneau et a interpellé le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour intervenir devant une situation qu'il qualifie de "dangereuse" et qui pourrait avoir, à l'avenir, de fâcheuses conséquences tant sur la Cour que sur le travail des magistrats qui subissent un diktat et des pressions sans précédent depuis quelque temps. Et si la sortie de ce syndicat intervient dans un contexte politique explosif, il n'en demeure pas moins que le SNM-CC accuse ouvertement le président de la Cour et son secrétaire général de pressions psychologiques qu'ils exerceraient sur les fonctionnaires de la Cour, à commencer par les juges et leurs représentants syndicaux. Dans un long communiqué, daté du 20 juillet et rendu public hier, le SNM-CC estime que "les problèmes ne cessent de s'accumuler. Cela va de la marginalisation de son rôle dans l'accomplissement de ses missions constitutionnelles jusqu'à l'exclusion des magistrats, et ce, au moment où le président de la République ordonne la dynamisation de la Cour des comptes et des autres institutions de contrôle et l'absence de perspectives". En ce sens, ce syndicat a tiré la sonnette d'alarme, estimant qu'aucune vision futuriste n'a été déployée, notamment en ce qui concerne la formation des ressources humaines, point faible de la Cour des comptes. Mieux, le SNM-CC a mis l'accent sur la protection des magistrats exposés à de multiples pressions et sur la nécessité de "mettre en place des conditions idoines de travail à même de leur permettre d'accomplir convenablement leur mission relative à la préservation de l'argent public". Ces entraves et d'autres procédés bureaucratiques ont abouti, selon ce syndicat, à un climat de suspicion et de tension, soulignant "les pressions et les interférences sur les juges dans l'exercice de leurs fonctions. Le droit syndical est aussi entravé et les magistrats font face à beaucoup d'obstacles, ajouté au refus de l'administration de toute initiative de dialogue malgré les multiples correspondances envoyées aux concernés pour que le syndicat puisse défendre ses droits légitimes". Le SNM-CC rappelle que la radiation de trois magistrats de la Cour régionale de Constantine, en avril 2017, est intervenue après "l'accomplissement de ces juges de leur mission. Les fortes pressions ont conduit à des poursuites judiciaires contre certains responsables". Malgré la réintégration, le 18 juin dernier, de ces trois magistrats dans leurs fonctions respectives, le syndicat relève que la situation ne s'est guère améliorée au niveau de la Cour des comptes. Pour preuve, le SNM-CC dénonce le silence du président de cette institution et les pressions que fait subir l'administration. "Une administration qui se cache derrière ses directives, le blocage de l'activité syndicale et la dérive dans l'usage de son autorité à l'encontre des magistrats, et sur lesquels le syndicat reviendra dans le détail très prochainement", a conclu le SNM-CC. FARID BELGACEM