Le coût des embouteillages dans les 7 wilayas concernées par l'étude avoisine les 1 000 milliards de centimes, soit 100 millions de dollars par an. Les embouteillages sont un sérieux problème. Les citoyens sont éprouvés et se demandent toujours pourquoi le gouvernement ne réagit pas à ce phénomène. Pourtant cette situation cause maints désagréments : retard au travail, augmentation du stress, voire des accidents. À ces désagréments s'ajoutent le gaspillage d'essence et de gasoil, des produits exportables, l'atteinte à la santé des automobilistes ainsi que la pollution de l'air. Une étude réalisée par l'Ecole polytechnique d'Alger, présentée le 14 avril dernier lors des 22es Journées de l'énergie, traite de manière détaillée des effets économiques de ce grave phénomène. Le texte aborde dans le détail le coût des embouteillages dans 7 wilayas à partir de chiffres de l'ONS : Alger, Béjaïa, Tizi Ouzou, Blida, Oran, Constantine, Annaba. "Pour le cas de la capitale seulement, on a plus de 500 000 voitures (1/3) du total qui sont prises en moyenne dans deux heures d'embouteillage. Elles perdent l'équivalent de 500 000 litres d'essence ou encore plus grave en termes de pollution au diesel, soit une perte de 500 000 dollars. Ramené seulement à 200 jours/an, sachant qu'une tonne de carburant donne en moyenne 3 tonnes de CO2, soit 200 000 tonnes de CO2. Ces émissions vont stagner dans l'atmosphère causant au passage avec les autres gaz d'échappement des maladies (asthme, bronchite, allergies)." À Alger, qui compte selon les chiffres de l'ONS 1 503 869 véhicules, 501 290 sont dans les embouteillages et perdent sur l'année près de 183 millions de litres d'essence dont 115 millions de litres de gasoil, soit près de 270 milliards de centimes de perte. Tizi Ouzou, avec 237 709 véhicules, perd 75 milliards de centimes, Béjaïa (198 897 véhicules), 63 milliards de centimes, Blida (316 803 véhicules), 100 milliards de centimes, Constantine (232 489 véhicules), plus de 70 milliards de centimes, Oran (299 475 véhicules), près de 100 milliards de centimes. Au total, le coût de ces embouteillages dans les 7 wilayas avoisine les 1 000 milliards de centimes, soit 100 millions de dollars par an. L'étude conclut qu'avec 100 millions de dollars par an, il est possible d'améliorer de façon significative le réseau de transport en commun et ne pas rendre malades les citoyens. Cela fait partie des actions visant à aller dans le sens du développement humain durable. En d'autres termes, l'Algérie perd beaucoup d'énergie dans les embouteillages. "Le véhicule, consomme sans rouler, il se fatigue, le conducteur aussi et la productivité s'en ressent quand on arrive en retard au travail dans un état de stress peu propice à l'efficacité", rappelle le document. Il convient de noter que ce problème d'embouteillage dure depuis plusieurs années sans que les gouvernements successifs s'attaquent à ce grand gaspillage d'énergie et de temps. Ce qui dénote la nature de la gouvernance actuelle du pays où des préoccupations essentielles des citoyens ne sont pas prises en charge. Il aurait fallu, pendant toute cette décennie où l'argent coulait à flots, accélérer la réalisation des lignes du métro d'Alger : Bab El-Oued-Chevalley-Dély Ibrahim-Draria-Ouled Fayet ; El-Harrach-Dar El-Beïda ; Aïn Naâdja-Ben Aknoun ; Aïn Naâdja-Baraki, ouvrir des voies routières alternatives aux rocades sud et à la voie rapide Zéralda-Boumerdès, encourager les transports en commun : tramway et train de banlieue. Dans les autres wilayas, il fallait également favoriser la fluidité de la circulation par le renforcement du transport en commun, de nouvelles voies routières, renforcer le train de banlieue pour notamment Oran et Tizi Ouzou. Il faut savoir que cette problématique de mobilité urbaine est rendue plus complexe avec le coût des carburants qui, comme le gasoil, sont six fois moins chers qu'au Maroc. Ce qui entraîne le détournement des carburants vers les frontières. "La contrebande de carburant coûte près d'un milliard d'euros par an à l'Algérie", lit-on dans le document. Un carburant qui, pour une partie, est importé : la facture d'importation atteignant les 2 milliards de dollars par an. Face à cette saignée de l'économie nationale, le gouvernement semble passif. Jusqu'à quand peut-on tolérer cette absence ou cette insuffisante volonté politique s'agissant de régler les principaux problèmes des citoyens. K. Remouche