Nous aurons à relever le défi de la diversification de l'économie nationale pour nous affranchir de la dépendance démesurée aux hydrocarbures, et celui de l'ancrage de la démocratie et de la promotion du sens civique ... , a reconnu le chef de l'Etat. Voilà qui devrait, quelque peu, refroidir le zèle démesuré et l'outrecuidance du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, qui ne rate aucune occasion, depuis quelque temps, d'exhiber le bilan des réalisations du Président et au-delà du parti-Etat depuis l'indépendance, comme un trophée de guerre qu'il est exclu de contester. Dans un message adressé hier à la nation à l'occasion de la Fête de l'indépendance et de la jeunesse, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a avoué que "beaucoup reste à faire", notamment en matière économique et de pratique démocratique. "Je voudrais, par l'évocation de cette glorieuse épopée, œuvre de notre peuple sur plusieurs pans de son histoire, adresser un message à nos jeunes en particulier : la volonté et l'amour de la patrie nous aident toujours à surmonter les difficultés et à relever les défis quelles qu'en soient les proportions", écrit le chef de l'Etat dans ce message repris par l'agence officielle."Force est de rappeler qu'en dépit de toutes les réalisations accomplies, de tous les pas franchis par notre pays, beaucoup reste encore à faire et nous aurons à relever le défi de la diversification de l'économie nationale pour nous affranchir de la dépendance démesurée aux hydrocarbures, et celui de l'ancrage de la démocratie et de la promotion du sens civique pour tirer le meilleur avantage de la diversité de nos opinions et régler tous les conflits de la manière la plus civilisée qui soit." Vaste chantier, en somme, pour paraphraser Charles de Gaulle. Car non seulement, l'économie demeure tributaire des fluctuations des prix des hydrocarbures, mais faute de stratégie, de vision et en raison de l'existence de lobbies, d'une bureaucratie étouffante, d'une gouvernance clientéliste et de la propagation de la culture rentière et la corruption, le pays a peiné et peine encore à mettre en place les instruments adéquats pour une économie diversifiée. Au plan démocratique, la situation n'est guère plus reluisante malgré quelques maigres acquis. En témoignent les classements que collectionne le pays dans divers domaines. Autre défi face aux bouleversements géostratégiques et la mondialisation : la "préservation de la souveraineté". "Aussi, sommes-nous appelés à préserver l'indépendance nationale et la souveraineté dans la prise de décisions dans un monde instable et non régulé", observe le chef de l'Etat. Malgré ces nombreux défis, le Président soutient, en évoquant les moments de crise qu'a traversés le pays, que le peuple algérien est en mesure de relever. "C'est vrai, la volatilité des marchés internationaux et la chute des cours du pétrole durant les années 80 étaient à l'origine, malheureusement, d'une crise économique, puis politique et sécuritaire dans notre pays. Encore une fois, notre vaillant peuple, qui a, jadis, rompu les chaînes d'un rude joug colonial ayant duré un siècle et demi, a su surmonter cette crise multidimensionnelle par amour pour sa patrie, mû en cela par une forte volonté de reconstruire son pays." Cependant, contrairement à ce qu'on pouvait attendre, le Président n'a fait allusion ni aux "turbulences" provoquées par ce que certains désignent par "cocaïne gate", ni n'a laissé filtrer quelques signes sur ses intentions pour un nouveau bail à la tête de l'Etat, comme l'y invitent ses soutiens. "Demeurons fidèles aux sacrifices des chouhada et édifions une Algérie à la hauteur de leurs vœux et du potentiel que recèle ce grand pays. Voilà comment nous devons célébrer, d'année en année, le recouvrement de notre chère indépendance et rendre hommage à nos chouhada qui ont libéré notre patrie. Voilà aussi comment ériger notre jeunesse en véritable acquis pour l'Algérie", conclut le message. Karim Kebir