Les différents responsables d'agences de voyages que nous avons pu contacter considèrent le rapport qualité/prix comme le facteur le plus déterminant dans ce choix. Hormis les jours de week-end, durant lesquels il est toujours quasiment impossible de trouver une petite parcelle de sable pour étendre ses jambes, les plages de la bande côtière de la wilaya de Tizi Ouzou sont, le reste de la semaine, très peu fréquentées depuis le début de cette saison estivale. Cette situation est à vrai dire loin d'être conjoncturelle, tant elle se reproduit depuis maintenant plusieurs années : non seulement la région accueille de moins en moins de vacanciers venus d'ailleurs, mais ses propres habitants ont tendance à choisir de plus en plus d'autres destinations pour leurs vacances. Certes, aucun chiffre sur le nombre de départs vers l'étranger dans le cadre des vacances n'existe dans la wilaya, mais à voir le nombre de personnes qui se bousculent au portillon des nombreuses agences de voyages à Tizi Ouzou, l'on comprendrait aisément cet engouement des locaux à passer leurs vacances d'été ailleurs que dans la région. À la question de savoir pourquoi donc un tel choix, les différents responsables d'agences de voyages que nous avons pu contacter considèrent le rapport qualité/prix comme le facteur le plus déterminant dans ce choix. "Un séjour en Tunisie coûte moins cher qu'un séjour sur le littoral de Tizi Ouzou et beaucoup moins que sur le littoral algérois. Avec des séjours à partir de 37 000 DA par personne, et d'une meilleure qualité, en Tunisie, les vacanciers ne se posent pas trop de questions", nous répond Bouyacoub Achour, patron de B-A Tours, qui, à l'instar d'une dizaine d'autres agences implantées dans la ville des Genêts, organise au moins un départ par semaine vers le pays voisin à des prix qui varient en fonction du classement des hôtels et des options à inclure. Selon cet agent de voyages, après la Tunisie, qui constitue la destination la plus prisée, car la plus abordable, un remarquable engouement est également suscité par les destinations Istanbul en Turquie, Agadir au Maroc et Alicante en Espagne. D'autres destinations ne sont, également, pas en reste. Sur sa page Facebook, l'agence Tizi Voyages affiche que les départs de ce mois de juillet vers Istanbul, Antalya, la Malaisie, la Thaïlande, Le Caire et Sharm El-Seikh sont déjà complets. Pour un autre agent de voyages qui a requis l'anonymat, cette nouvelle tendance des départs massifs vers des pays étrangers durant la saison estivale va au-delà de la question des prix. "La notion des vacances est, depuis quelque temps déjà, intégrée dans la culture de l'Algérien qui veut de plus en plus passer de véritables vacances et qui commence même à devenir exigeant et, malheureusement, le littoral de la région, à l'instar de nombreuses autres régions du pays, n'a pas été préparé à cela", nous explique-t-il, avant de citer des facteurs concrets qui rendent les stations balnéaires locales peu attractives pour les vacanciers. "Il n'y a pas suffisamment d'infrastructures pour accueillir les vacanciers, et dans celles qui existent, les coûts sont excessivement élevés et la qualité de service laisse souvent à désirer", cite-t-il, non sans souligner que les loisirs et autres services d'accompagnement comme les visites guidées et l'animation artistique, qui sont d'une importance capitale lors d'un séjour de vacances, font grandement défaut chez nous. "Un vacancier ne part pas dans une région juste pour s'étendre sur une plage", soutient-il. À cela s'ajoutent également les nombreuses incivilités, les problèmes de manque d'eau, de coupures d'électricité et d'insécurité, raisons pour lesquelles les habitants, qui disposent d'un minimum de moyens, n'hésitent pas à fuir le littoral de la région. "Lorsqu'on vous rackette partout en stationnant, des squatteurs de plages vous obligent à louer un parasol ou une tente à des prix exorbitants sous le regard passif de services de sécurité, et, aussi, à subir des comportements à la sauce salafiste, vos vacances ne peuvent être que gâchées", nous explique Madjid, un trentenaire, qui, comme de nombreux autres, s'apprête à prendre le départ pour Hammamet. C'est dire que ce départ massif de milliers de personnes vers l'étranger, où ils pensent pouvoir passer d'agréables vacances, n'est que l'effet boomerang de la politique touristique menée par l'Etat dans cette région.
