Si le phénomène a pris des proportions exponentielles durant les années du terrorisme, l'émigration légale ou irrégulière n'a cessé de connaître, depuis, une courbe ascendante. L'Algérie n'est pas un pays où il fait bon vivre. Les jeunes expriment leur envie de le quitter pour s'installer ailleurs. Un drame si c'était un pays normalement constitué. Plus dramatique encore est de faire ce constat à l'occasion de la Journée internationale de la jeunesse. Mais cette donne va-t-elle pousser les responsables à penser et à envisager de créer les conditions à même d'arrêter la saignée. Résultat de la gestion catastrophique des affaires publiques ou simple tendance à l'aventure ? Si le phénomène a pris des proportions exponentielles durant les années du terrorisme, l'émigration légale ou irrégulière n'a cessé de connaître, depuis, une courbe ascendante. Bien des Algériens ont déjà quitté le pays où se préparent à le faire au point que le visa reste le sujet qui occupe les discussions à telle enseigne qu'il est géré de manière politique par les différentes représentations diplomatiques étrangères établies en Algérie. C'est ce que , du moins, confirme une étude effectuée par le cabinet international de conseil en stratégie, Boston Consulting Group (BCG). Cette étude a fait ressortir que 84% des Algériens interrogés sont prêts à s'expatrier si un emploi leur est garanti. Les personnes interrogées à ce sujet soulignent dans leur majorité que le Canada, la France et l'Allemagne, puis les Emirats arabes unis, le Royaume-Uni, la Belgique restent les destinations les plus prisées par les Algériens pour émigrer. Le cabinet BCG précise, en outre, que l'étude a été réalisée auprès de 27% de femmes, et 71% d'hommes, dont l'âge de la majorité interrogée varie de 27 à 37 ans. Le choix, selon l'étude, des Algériens à émigrer est dicté par leur envie "d'acquérir de l'expérience, profiter de meilleures opportunités de carrière, d'élargir l'expérience personnelle et de profiter d'un meilleur niveau de vie". C'est dire, qu'à bien des égards, c'est ce qui leur manque cruellement dans leur propre pays d'où cette quête inlassable de cieux plus cléments. Il faut noter que même sans ces garanties d'emploi, l'Algérien opte parfois pour des procédés plus extrêmes comme la harga pour atteindre l'autre bout de la Méditerranée. Mais face à cette tendance des Algériens à vouloir quitter leur propre pays et s'installer ailleurs avec tout ce que cela pourrait charrier comme difficultés, l'étude de Boston Consulting Group souligne que l'Algérie est passée de la 114e place en 2014 à la 83e place en 2018 au classement de 197 pays sur l'attractivité de talents et de cadres internationaux. D'où, ajoute l'étude, "l'Algérie est convoitée par des cadres internationaux des quatre coins du monde". Elle cite, entre autres, les Tunisiens qui souhaitent venir travailler en Algérie, ensuite les cadres du Bénin, ceux de France, d'Arabie saoudite ou encore de Norvège. La même étude cite, également des cadres afghans, égyptiens et nigérians qui émettent le vœu de venir travailler en Algérie. L'étude, faut-il le préciser, s'est basée sur quatre thématiques. À savoir l'attractivité, la volonté de partir à l'étranger, les préférences de métiers de main-d'œuvre et la démographie. À noter que plus de 500 000 de nos compatriotes ont quitté le pays et ont obtenu d'autres nationalités entre 1995 et 2012. C'est ce qu'a révélé Saïd Benrokia, président de l'Union générale des ressortissants algériens établis à l'étranger. Mohamed Mouloudj