Lors de ces deux concerts au CCA de Paris, le public était enchanté de retrouver l'ambiance des fêtes du pays natal. D'ailleurs, la plupart étaient nostalgiques de cette Algérie qui leur manque tant. Le centre culturel algérien de Paris a vécu cette semaine deux chaudes soirées musicales animées par l'artiste Samir Toumi, qui a drainé, comme à chacune de ses prestations, une foule considérable, composée en majorité de femmes, mais les hommes étaient aussi présents, tous assoiffés de musique et de danse algériennes. Une ambiance des plus agréables régnait à l'auditorium, avec comme ouverture un texte de bienvenue "Ahlan wa sahlan, ahlan bikoum" pour démarrer une soirée qui allait être de tous les gouts car, nous dira Samir Toumi, interrogé à la fin du concert : "J'ai toujours un public merveilleux qui me suit, des gens raffinés, conservateurs, nostalgiques… C'est vrai que je chante surtout l'algérois et que le public de Paris auquel je suis habitué est composé plus de gens venus d'Alger et des environs, contrairement à d'autres villes françaises, mais moi, je diversifie toujours mon répertoire et je touche à toutes les régions d'Algérie pour faire plaisir à tout le monde et surtout pour montrer la richesse et la beauté de notre patrimoine musical qui mérite d'être connu et médiatisé un peu plus hors de nos frontières." Durant près de deux heures de scène, le public, enchanté de retrouver l'ambiance des fêtes du pays natal, entonnait refrain sur refrain, dansant cadence sur cadence, parfois lente, parfois endiablée, aux sons de Lahmam elli waleftou, Kifach hilti ya nassi, Koulou chahlet laayani, Ma jitinich waalach, Essendou… de l'algérois, du hawzi, du kabyle, de laalaoui, du staïfi… Les présents s'en donnaient à cœur-joie, nostalgiques de cette Algérie qui leur manque tant. Pour Fazia qui n'est pas rentrée au pays depuis 3 ans, "cette soirée est fabuleuse et me rappelle beaucoup l'ambiance de nos fêtes algériennes d'antan. Je n'ai pas l'habitude de venir ici et c'est une amie qui m'en a parlé ; sincèrement je ne regrette pas d'être là surtout que le pays me manque". Asma, quant à elle, se dit agréablement surprise de cette belle soirée, surtout que "l'artiste a su comment allier entre les deux rives de la Méditerranée en replongeant la communauté d'ici dans le bain de sa culture d'origine, en lui rappelant tous les goûts de son terroir musical ; c'est une bonne chose car ici les mariages n'ont pas cette ambiance". Pour Djamel, venu avec sa petite fille de 6 ans, "j'ai beaucoup apprécié cette soirée car j'aime particulièrement ce genre musical ; certes il y a de temps en temps de telles manifestations culturelles, mais elles sont rares au vu de la richesse de notre patrimoine musical, et je trouve que les instances culturelles en charge de ce volet ne font pas ce qu'il faut pour rehausser ou faire connaître aux autres ce que nous avons comme culture, à tous les niveaux, contrairement à d'autres pays qui font du peu beaucoup !". Interrogé sur ses projets futurs, l'artiste Samir Toumi nous annonce la prochaine parution d'un album dans lequel figurera, entre autres, "un hommage, une pensée pour des auteurs de la chanson kabyle dont El-Hasnaoui, Oukil Amar, Slimane Azem, Matoub". Des concerts seront programmés ultérieurement, nous apprendra-t-il, mais il ne manquera pas de déplorer "la triste situation de la culture qui vit un déclin sur le plan organisationnel, surtout ces quatre dernières années ; vous savez ici à Paris, comme ailleurs, à Montréal ou autres villes du monde, ce sont de petites associations, des centres culturels, des particuliers qui organisent, nous invitent et font vivre notre musique". Et de conclure : "Vous devez interroger les concernés sur leur absence et sur leur manque d'initiative." La musique, comme tout autre volet culturel algérien, cinéma, théâtre, livre, peinture…, a besoin d'espace de vie et de moments de partage ici comme ailleurs, pour dire à l'un de créer et à l'autre d'aimer… De Paris : Samira bendris-oulesbsir