Des opposants saoudiens en exil révèlent des tentatives de Riyad de les attirer dans des ambassades pour faire pression sur eux et les ramener au royaume. Le journal canadien "45 e nord.ca" cite le cas de trois d'entre eux vivant dans trois pays différents. Omar Abdelaziz, exilé au Canada, qui irritait les autorités saoudiennes avec une émission satirique sur YouTube, affirme avoir été approché cette année par des responsables saoudiens qui l'ont exhorté à les suivre à leur ambassade pour y chercher un nouveau passeport. Il a refusé d'y aller, craignant un piège. Deux de ses frères et plusieurs amis ont par la suite été arrêtés dans le royaume, confirmant ainsi ses soupçons. Abdallah al-Ouda, associé à l'université Georgetown aux Etats-Unis et fils du célèbre prédicateur emprisonné Salmane al-Ouda, a déclaré avoir été la cible d'un "complot" similaire. Lorsqu'il a demandé le renouvellement de son passeport l'année écoulée à l'ambassade saoudienne à Washington, on lui a dit de retourner au royaume pour y accomplir ce qui semblait être des formalités. "Ils m'ont offert un laissez-passer temporaire", a déclaré M. al-Ouda avant d'ajouter : "Je savais que c'était un piège et je suis reparti avec mon passeport expiré." Manal al-Charif, militante saoudienne exilée en Australie, a affirmé avoir échappé de justesse à un piège en septembre de l'année dernière lorsque Saoud al-Qahtani, conseiller "médias" à la cour royale, a tenté de l'attirer dans l'ambassade saoudienne. "Sans la bonté de Dieu, j'aurais été (une autre) victime", a-t-elle tweeté en publiant une capture d'écran de messages privés avec al-Qahtani, limogé dans le contexte de l'affaire Khashoggi. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, le nombre de demandeurs d'asile en provenance d'Arabie Saoudite a plus que doublé depuis l'arrivée au pouvoir du prince Mohamed ben Salmane, passant de 575 dossiers en 2015 à 1 256 en 2017. M. T.