Yamina Miri Aït Abdelmalek fait partie de cette frange de la société qui, dans son travail au quotidien, sait joindre l'utile à l'agréable pour non seulement apprécier ce travail et l'effectuer avec dévotion, mais aussi faire partager le plaisir qu'il peut procurer aux autres pour leur donner à voir ce beau qui souvent leur passe sous les yeux. Diplômée de l'Institut d'agronomie d'Alger, ingénieure en foresterie, option protection de la nature et gestion des parcs nationaux, cette mère de famille, qui a sillonné nos parcs et désert lors de ses longues expéditions sur le terrain, a vite pris goût à ces grands espaces naturels et est tombée sous le charme de cette vie paisible des Touareg, entre ciel, dunes et désert. Elle y a pris goût à tel point qu'elle y a associé sa famille qui ne peut plus se passer de telles escapades pendant les vacances. Passionnée de photos, elle revient de chacune de ces sorties avec des centaines de clichés d'une beauté à couper le souffle. Ne se contentant pas d'images, curieuse de tout connaître sur ce désert majestueux, son histoire, ses habitants, ses légendes, ses coutumes, elle en revient aussi à chaque fois enrichie de cette culture ancestrale qu'elle découvre au fur et à mesure de ses visites. Et à chaque séjour dans ce désert majestueux qui l'emplit de sérénité, d'humilité, de grâce et de beauté, elle se promet de le faire découvrir aux autres. Et quel meilleur moyen choisir que celui de publier un livre ? Ainsi est né Sept lieux, sept légendes du Tassili n'Ajjer, un très beau livre bilingue (arabe-français) édité sous l'égide du ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables, en partenariat avec la coopération allemande et GIZ. Une manière de montrer cette beauté des sites pour donner envie d'aller vite les découvrir – d'où l'intérêt sur le plan touristique de ce projet – mais au-delà de cet aspect, c'est à travers les contes et légendes de ce désert que l'auteure Yamina Miri a voulu nous y inviter. Un angle nouveau qui donne aussi bien à voir qu'à écouter et lire. "Je m'adresserai en premier lieu à vous les enfants, car ce livre de contes et légendes touareg vous est avant tout dédié. Ensuite, je m'adresserai à vous les parents, car vous aurez certainement la délicate mission de lire aux plus petits", dira l'auteure en préambule de ces sept histoires, dont Les vaches pleureuses de Tegharghart ; In mouroudene ; La rose de Jerico ou encore La mission du khelkhal. Il est à souligner aussi que cet ouvrage se veut un hommage aux Touareg, Lahcène, Brahim, Abdelaziz… et avant eux à "cette étoile filante nommée Djibrine" qu'on ne peut omettre de citer quand on parle de l'art rupestre du Tassili, car sinon ce serait trahir sa mémoire et faire preuve d'ingratitude envers celui dont "l'aide précieuse qu'il apporta durant de longues années à la découverte des œuvres rupestres préhistoriques peintes ou gravées, fait de lui un acteur essentiel dans l'une des plus grandes aventures archéologiques du XXe siècle". Il ne connut pas la notoriété qui lui a été volée, ni n'a bénéficié de quelque retombée financière que ce soit des livres publiés grâce à lui par certains Occidentaux – dont Lhote et Brenans –, mais il s'en est allé un certain 2 février 1981, comblé et serein, car il avait pu transmettre son savoir et son expérience à sa famille et à quelques-uns de sa tribu qui ont pris la relève. Et depuis, "son étoile scintille dans le ciel tassilien auprès de ses ancêtres". Samira Bendris-Oulebsir