Dans le sillage des dénis des droits civiques, le débat a vite fait de tourner autour des cas de nombreux citoyens originaires de Kabylie qui se sont vu priver de leurs passeports, ces derniers mois, sans aucune notification réglementaire. Le concept d'apatride a été longuement débattu lors d'une conférence-débat organisée par les militants de la Ligue algérienne des droits de l'homme de Tizi Ouzou et animée, avant-hier soir, par l'avocat Me Salah Dabouz. Ce dernier expliquera, lors de son exposé, les différents cas où l'individu est considéré en état d'apatride et les multiples formes sous lesquelles il peut se manifester tout en rappelant tous les dénis que cela peut entraîner. "C'est une situation où la personne se retrouve sans nation, mais en parallèle, elle est protégée par des textes internationaux que de nombreux Etats ne respectent malheureusement pas pour que les victimes soient bafouées dans leurs droits les plus élémentaires. C'est un thème d'actualité très important qui renvoie au principe de citoyenneté et qui tranche avec le nationalisme et le patriotisme qui sont porteurs d'une charge de fanatisme. Il est d'autant plus pertinent d'en parler dans notre pays où beaucoup de citoyens sont privés de leurs droits et de leurs libertés les plus élémentaires", dira Me Dabouz. Dans le sillage des dénis des droits civiques, le débat a vite fait de tourner autour des cas de nombreux citoyens originaires de Kabylie qui se sont vu priver de leurs passeports, ces derniers mois, sans aucune notification réglementaire, surtout que certains sont bloqués à l'étranger et d'autres en Algérie et ce "pour de simples soupçons d'appartenance à une mouvance politique qui est le MAK", ont soutenu les intervenants. L'exemple d'un citoyen, Terki Youva, originaire de Maâtkas, et établi en Afrique du Sud et dont le passeport est bloqué au consulat d'Algérie à Pretoria depuis longtemps et sans aucune notification, a été justement cité en exemple pour étayer leurs dires. "La confiscation d'un tel document de voyage ne doit pas être arbitraire et ne doit intervenir que dans le cas de violation de droits reconnus et incriminés par les lois internationales. Dans ce cas de déni, je conseille la même démarche que celle que j'ai préconisée pour Youva, dont j'ai pris l'affaire en main, et qui consiste à mener un militantisme institutionnel aussi bien en Algérie où il faut démontrer d'abord la mauvaise foi des autorités locales, mais aussi à l'étranger où il faut saisir les instances internationales pour agir dans le cadre des textes ratifiés par l'Algérie. Chaque citoyen concerné ne doit pas hésiter à alerter l'opinion internationale par le biais de ses avocats et de la presse nationale", a souligné à ce propos Me Dabouz. Certains présents qui ont assumé publiquement leur appartenance au MAK ont évoqué aussi leurs cas de privation de passeport depuis plusieurs années, sans aucun motif justifié ni par l'administration locale ni par la loi. Les participants ont évoqué aussi d'autres cas de dénis de droit et de confiscation des droits et libertés ainsi que les détentions arbitraires, comme c'est le cas du blogueur Marzouk Touati, récemment transféré à Skikda pour être jugé. R. Achour