Neuf ans après la révolution du Jasmin, la Tunisie veut retrouver sa place de destination touristique de choix. Si les touristes sont revenus, avec un apport considérable des Algériens, le pays veut encore attirer plus de touristes étrangers. Dans ce programme tracé par le gouvernement tunisien, les touristes algériens occupent une place de choix. "Nous nous félicitons du retour massif des touristes algériens. L'année dernière, ils étaient 2,4 millions de nos frères algériens qui sont venus durant toute l'année. Pour 2019, nous tablons sur une augmentation de 900 000 touristes", a indiqué le ministre tunisien du Tourisme, René Trabelsi, interrogé il y a quelques jours à Tunis lors de l'inauguration de l'International Tourisme Market (MIT), un salon annuel dédié aux voyages, vacances et tourisme. "Nous n'oublions pas que lorsque notre pays était en difficulté après la révolution (de 2011, ndlr), nos frères algériens ne nous ont jamais abandonnés", a indiqué René Trabelsi, qui a précisé que de jeunes Algériens sont en train d'être formés par des instituts spécialisés en Tunisie. Interrogé sur les incidents signalés l'été dernier à propos des plaintes de certains touristes algériens sur les conditions de réservations, le ministre tunisien a indiqué que cela était dû à des "malentendus" générés par des agences de voyages qui n'étaient pas professionnelles. Globalement, la Tunisie table sur une année exceptionnelle. Les autorités du pays prévoient d'accueillir plus de 9 millions de touristes, un nouveau record après celui de 2010. "Nous tablons sur l'augmentation du nombre de Français", a précisé Trabelsi. Déjà, rien que pour le mois de janvier dernier, l'augmentation est palpable : lors du premier mois de l'année en cours, Tunisie a enregistré l'arrivée de 474 145 touristes, contre 379 438 entrées en janvier 2018, soit une croissance de 25%. Ce chiffre est en hausse de 25,1% par rapport à janvier 2010. Sur l'ensemble de l'année 2018, la Tunisie avait accueilli près de 8,3 millions de touristes, soit une augmentation de 18% par rapport à l'année précédente. Pour attirer davantage la clientèle étrangère et diversifier l'offre, la Tunisie a organisé la semaine dernière le Salon annuel de tourisme et de voyage. Le rendez-vous a regroupé tous les métiers du tourisme : la restauration, l'hôtellerie, l'artisanat, l'industrie du matériel dédié au secteur et bien sûr des agences de voyages. Beaucoup de ces agences travaillent d'ailleurs directement avec leurs homologues algériennes. Des centrales de réservations en ligne, dépendant généralement de groupes touristiques tunisiens, font également la promotion de la destination Tunisie. Diversifier l'offre Pour ne pas rester dans le tourisme balnéaire, les autorités tunisiennes tentent de diversifier leurs offres. Ainsi, les agences de voyages et des hôtels proposent désormais des séjours économiques et médicaux aux touristes lors des basses saisons. C'est le cas du tourisme thermal et médical, très prisé ces dernières années par des touristes, notamment des Algériens qui préfèrent se soigner en Tunisie où les prix des cliniques privées, très performantes, sont souvent moins chers que ceux proposés par des cliniques algériennes ou européennes. Longtemps tournée vers le tourisme balnéaire, la Tunisie veut également exploiter ses atouts culturels. Ainsi, le Musée du Bardo, situé au centre de Tunis, est appelé à devenir une grande attraction. Il en est de même avec le théâtre en plein air de Carthage, qui a été restauré avec l'aide de l'Union européenne. D'autres sites, déjà bien fréquentés, sont également dans le programme de restauration élaboré par les autorités tunisiennes. Après avoir gagné la bataille de la mer, les Tunisiens veulent se tourner vers leur Sud. Le tourisme saharien, parent pauvre de cette industrie dans ce pays qui compte pourtant le désert dans une bonne partie de son territoire, est en train d'enregistrer des résultats encourageants. Oussama Benkhalfallah, responsable de l'Office national de tourisme tunisien, a indiqué que les autorités tunisiennes veulent donner un coup d'accélérateur à cette région. La preuve en est que l'actuel ministre, un professionnel du secteur nommé en novembre dernier dans le gouvernement de Youcef Chahed, fait du Sud une de ses priorités, nous dit-on au sein de ce département ministériel. D'ailleurs, lors de notre visite au MIT, nous avons constaté une forte présence d'agences de voyages travaillant pour le tourisme saharien. Des troupes folkloriques et des kheimates, venues du Sud tunisien, ont également animé les stands du salon. Selon des responsables tunisiens, le nouveau ministre du Tourisme veut également booster la production artisanale de son pays. En plus de la promotion de ces produits, les autorités veulent interdire l'importation de produits artisanaux fabriqués localement. Une position qui a n'a pas trouvé d'opposition parmi les vendeurs de produits d'artisanat, rencontrés dans la vieille Médina de Tunis. "Nous sommes en train d'écouler les stocks et nous nous approvisionnons, par la suite, chez les producteurs locaux", a répondu un vendeur de souvenirs qui n'a pas pu cacher sa gêne d'exposer certains produits chinois. Ali Boukhlef
